Film résolument contemporain sur la difficulté d'aimer et de rencontrer quelqu'un dans un monde où « l'ultra moderne solitude » chère à Alain Souchon n'a jamais été autant d'actualité, « La Fabrique des sentiments » est une peinture intelligente et assez subtile de notre société, désincarnée sans être totalement inhumaine, triste sans être dénuée d'espoir. L'œuvre a également l'habileté de ne pas trop embellir son héroïne, que la magnifique Elsa Zylberstein rend particulièrement fragile et intéressante.
Alors peut-être a t-on droit à quelques fautes de goût et facilités, notamment à travers le personnage de Bruno Putzulu, mais le regard de Jean-Marc Moutout reste toujours avisé, notamment dans le très complexe relationnel homme/femme ou lors des séquences de speed dating, aussi surréalistes que captivantes. Et le dénouement, finement ambigu, permet de nous laisser sur de nombreuses pistes de réflexion finement disséminées tout au long de l'œuvre : au moment du générique de fin, je n'avais d'ailleurs aucune envie de quitter la belle Héloïse, ce qui est suffisamment rare me concernant pour être signalé. Une réussite.