Ce film aborde une période cruciale du nazisme, de 1938 à 1945, à travers le regard de Joseph Goebbels, l'architecte de la propagande du régime. La promesse était séduisante : décortiquer les mécanismes de la désinformation qui ont permis de galvaniser les foules et les pousser à adhérer au concept de « guerre totale », en observant directement son principal orchestrateur. Malheureusement, l'œuvre peine à convaincre. Le réalisateur ne parvient pas à établir la distance critique nécessaire avec ses personnages principaux. La narration, qui s'étend sur une période excessive, se contente d'empiler les événements sans proposer d'analyse approfondie, comme si la simple accumulation des faits suffisait à captiver le spectateur. Les dialogues, trop nombreux, finissent par lasser. L'alternance entre scènes de fiction et images d'archives, bien que techniquement maîtrisée, trahit l'indécision du réalisateur quant au genre de son film. Cette hybridation mal assumée entre fiction et documentaire déséquilibre l'ensemble de l'œuvre. Plus problématique encore, l'attachement excessif aux faits historiques a pour effet pervers de normaliser la figure de Goebbels. Il apparaît davantage comme un technocrate ambitieux de la désinformation, soucieux de plaire à sa hiérarchie, que comme l'un des principaux artisans d'un régime génocidaire. Si l'intention était d'illustrer la « banalité du mal » ou de dénoncer les crimes de Goebbels, le film échoue surtout à capturer la dimension apocalyptique du régime nazi dans sa quête d'extermination et de guerre totale. On est bien loin de la puissance évocatrice des « Damnés » de Visconti, qui reste une référence incontournable sur le sujet