Pour son long-métrage La famille Asada, le cinéaste Ryôta Nakano s'est inspiré de la vie du photographe Masashi Asada lequel s'est fait connaître par ses clichés représentant sa propre famille dans des différents jeux de rôles (en pompiers, en yakuzas, sur un circuit de Formule 1, etc). Ces scènes de pose sont d'ailleurs les plus drôles du film, avec un résultat bluffant, quasi identique aux photos réelles prises par Asada. Sur la longueur, La famille Asada est d'ailleurs un bel hommage à la photographie argentique avec ses tirages papier qui permettent de raconter une histoire sociale collective tout en constituant un inépuisable lien mémoriel. Le film est également le portrait d'un enfant gâté, un peu irrésolu, symbole d'une génération tournée vers l'individualisme et une certaine paresse. Masashi Asada n'apparait pas pour autant comme antipathique, le film le traitant avec bienveillance et amusement, adoptant le plus souvent un ton fantaisiste et poétique particulièrement réjouissant. Seule rupture dramatique, et de taille, les scènes qui traitent de l'après séisme de 2011 sur la côte Pacifique du Japon, où les photos de famille jouent un rôle consolateur inattendu et poignant. C'est dans cette habileté à évoluer d'un registre à l'autre, de pittoresque à tragique, que La famille Asada séduit et émeut, avec une vraie qualité de mise en scène et une interprétation de premier ordre.