"Who could hang a name on you?"
Bon, quand faut y aller, faut y aller! Il est temps! C'est pas sans crainte, sans appréhension, que je me lance dans une critique d'une de mes références cinématographiques. Comment s'y prendre ? Comment écrire sur un film qu'on affectionne pour particulièrement, qu'on adore, qu'on aime ? Comment oser écrire sur un film de Wes Anderson, un réalisateur, qu'on admire, à qui on voue un culte ? Je ne sais pas trop, enfin, pas encore. Mais là, je pense que reporter l'échéance, encore et encore, est une absurdité sans nom. Il n'y a pas de raison d'avoir peur, de toute façon, par avance, je sais que je ne parviendrai pas à retranscrire tout ce que ressens quand je regarde The Royal Tenembaums. Et par avance, je sais que je serais incapable d'émettre une seule critique négative. Je sais qu'il m'est impossible d'être objectif, j'ai juste la vue masquée par l'effet que ce film produit sur moi.
Ce film conte l'histoire d'une famille new-yorkaise quelque peu farfelue. Dès le début du film, Wes Anderson (ou plutôt Alec Baldwin pour le coup) nous raconte l'histoire des enfants Tenenbaum, surdoués, tous réussissant dans leurs domaines respectifs. Margot (Paltrow) est une auteur de pièces de théâtre louées par la critique. Chas (Ben Stiller) est un as de la finance. Richie (Luke Wilson) est quant à lui un crack du tennis. Alors que leur mère, Etheline (Anjelica Huston), leur dédie sa vie, leur père, Royal (Gene Hackman), s'ingénie à rabaisser par la parole et par ses actes ses enfants. Peu à peu, son comportement l'exclut de la famille et part vivre à l'hôtel. Une fois adultes, les trois enfants suivent une trajectoire descendante. Margot n'écrit plus. Chas ne se remet pas de la mort de sa femme et vit dans un stress permanent avec ses deux fils. Richie fait le tour du monde après avoir arrêté sa carrière de tennisman. Par de multiples événements, la famille se retrouve à nouveau réunie dans la maison familiale, permettant à chacun de régler ses comptes.
Ces quelques mots de présentation ne suffisent pas à rendre compte de toute la richesse de ce film. Parce que plus que l'histoire, ce qui marque les esprits, c'est toute la beauté qui en ressort. Les couleurs, les lumières, les décors, les costumes, la réalisation, les personnages, les acteurs, la musique... tout, tout, tout est travaillé, réfléchi, pour créer une harmonie parfaite. En quelque sorte, tous les éléments du film fonctionnent sur un équilibre, où chaque élément se révèle être indispensable. Cette harmonie constitue un univers particulier, intemporel. A dire vrai, j'ai du mal à trouver des défauts à ce film, et pour être tout à fait franc, j'ai plus envie de décrire ce que ce film me ressentir.
Parce que oui, c'est con à dire, mais quand je regarde ce film, je me sens bien, reposé, détaché du monde extérieur. J'oublie le reste, je vis dans une bulle avec cette famille. Je me sens comme si rien ne pouvait m'arriver, comme si ce film pouvait résoudre tous mes soucis, vous faire oublier votre propre existence. Dès le départ, la manière dont Anderson plante le décor, à vitesse grand V, vous êtes dedans, et vous ne lâchez plus. Vous restez scotchés devant l'écran. J'ai même un sourire béat, idiot, du début jusqu'à la fin. J'ai l'impression de retourner en enfance. En fait, je retourne en enfance. Et même si ce film traite de choses difficiles, la déprime, la mort, le suicide. Même si le cynisme est partie intégrante du film, vous ne pouvez vous empêcher de tout prendre à la légère, parce qu'au fond de vous, vous savez que tout se passera bien. Et même si ce n'est pas le cas, même si les choses empirent, cette « harmonie » géniale que sait créer Wes Anderson fait que vous voyez la vie du bon côté.
Avec ce film, comme avec l'univers d'Anderson en général, quelque chose d'étonnant se produit. Même une fois le visionnage du film terminé, le film reste dans votre esprit, vous marque à jamais. Vous vous en imprégnez, de sorte que tout ce que vous vivez à l'avenir peut, à un moment ou à un autre, être relié aux sentiments que vous avez développé devant ce film. En quelque sorte, le film ne se finit jamais, il continue à vivre à travers vous. Je ne sais pas pour vous, mais quand j'écoute Ruby Tuesday des Rolling Stones, je vois à nouveau les scènes du film défiler devant mes yeux. Je ressens les mêmes choses, comme si je regardais le film à nouveau. J'ai de nouveau cet univers à l'esprit, je me sens à nouveau reposé, bien, détendu.