Le cinéma de Lanthimos a tendance à me plaire, mais il m'a par le passé repoussé violemment (La Mise à mort du Cerf Sacré). Là j'ai retrouvé son humour, son cynisme, ses élans absurdes mais dans un cadre presque plus "grand public". c'est probablement son film le plus accessible (la part d'humour y est plus grande qu'à l'accoutumée).


La favorite raconte le parasite progressif d'un duo existant (la Reine Anne et sa favorite) par un troisième personnage qui s'y insère et forme à partir de là un triangle mêlant jeux de pouvoir et jeux amoureux. Le machiavélisme de façade semble révéler à la fin une vraie tristesse et une vraie peine quand tout finit de manière relativement prévisible par se détruire. Car tous ces rapports à des dégrés de calcul et de fausseté étaient aussi au fond également de vraies relations entre des personnages plus profonds qu'il n'y semble.


La reine Anne, présentée comme une dégénérée accablée de tous les maux (goutte, paralysie, crises d'angoisse, tout y passe), en manque d'affection et d'attention constant, navigue entre la bouffonnerie et le désespoir le plus noir (une vie terrible, 17 enfants morts-nés, ou morts très jeunes, une solitude absolue, mis à distance de tout pouvoir politique réel par sa favorite qui intrigue à sa place pour ses intérêts personnels) tandis que Emma Stone et Rachel Weisz perdent toute humanité à se chamailler la place de seconde). Elles sont fort bien choisies mais celle qui emporte le tout est Olivia Colman dans le rôle de la reine Anne (les registres entre lesquels elle navigue sont tellement riches et c'est un vrai travail d'équilibriste.


esthétiquement on est dans un espèce de miroir grossissant et enlaidissant de Barry Lyndon. Là ou Kubrick recherchait la beauté des cadres et la splendeur des lumières naturelles, ici tout est grotesque, exagéré, déformé, extravagant, excessif et semble refléter la pourriture cachée du monde de ce château quasiment en huis-clos anxiogène.


Il y a une veine disons féministe au film, avec une tendance a présenter des personnages féminins riches complexes , et une tendance a présenter les hommes comme ce qu'ils sont souvent: des bouffons fats et assoiffés de pouvoir. Malgré tout, un petit détail me chagrine, le scénario présente comme réelle l'homosexualité/la bisexualité de ces personnages alors qu'il s'agit plus probablement d'une vision créée de toutes pièces par la vraie Sarah Churchill à l'époque a fort renforts de rumeurs pour jeter le discrédit. Il est toujours chouette d'avoir de la représentation LGBT, mais peut être pas forcément au prix de céder aux armes du sexisme de l'époque.

Benjicoq
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le 13 févr. 2019

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Benjicoq

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