L’expérience de « La Favorite » m’aura au moins permis de comprendre une chose: Yorgos Lanthimos est un cinéaste misanthrope.
Si nous en avions déjà des indices dans « The Lobster », qui mettait en scène cette grosse bande de ploucs que sont les célibataires, cette lame de fond est ici transposée à l’un des sujets les plus intouchables de la planète: la monarchie britannique. Ce Lanthimos, alors, il ne recule vraiment devant rien. Quel courage !
Ainsi donc, la reine Anne est une lunatique écervelée ô combien influençable, la duchesse de Marlborough une calculatrice cynique qui est en fait la « vraie » dirigeante du royaume, et Abigail Hill une arriviste en quête de revanche sociale. Le reste de la Cour se vautre dans des jeux stupides, de la course de canards au lancer d’oranges sur un aristocrate nu, et dans la décadence de danses anachroniques et de bordels où l’on copule et montre ses fesses à tout va.
Saupoudrez le tout de quelques gros mots et dialogues difficilement crédibles pour l’époque, et d’une intrigue que l’on a comprise et dont on sait comment elle va finir au bout de vingt minutes, et vous obtiendrez « La Favorite ».
Yorgos Lanthimos zappe de séquence en séquence, sans laisser à quoi que ce soit le temps de s’installer, et surtout pas à des traits psychologiques qui nous permettraient de nous attacher aux personnages; et puis quoi encore ?
Ce réalisateur a-t-il seulement un propos ? Si oui, quel est-il ? Est-il niché dans cette énigmatique scène finale ? En ce qui me concerne il m’a semblé aussi illisible que son générique de fin (qui dénote par ailleurs peu de respect pour les collaborateurs de ce film, puisqu’on n’y distingue presque rien; un indice supplémentaire de sa misanthropie).