La Femme aux 5 éléphants par Rozbaum
J'ai rarement vu un portrait humain aussi vivant. Ce que je trouve aussi très beau (je supplée à l'excellente critique de StanLefort), dans la construction du documentaire, c'est d'oser le non-scénario, le sol glissant des événements qui surviennent, ici l'accident du fils, et qui mène d'une manière absolument, non logique (ce serait faire outrage à la pensée de cette pauvre vieille), mais limpide, fluide, et, somme toute, évidente, l'ordre des choses narrées. Le canevas de ce film est aussi celui de la couture, du textile, un rapprochement qui se fait sur deux plans : de la pièce de tissu au roman de Dostoïevski et au film lui-même, c'est-à-dire à ce qui encadre tout cela. Et je dirais même à comment se meut ce visage tellement doux de vieille dont seule la peau succombe à la sénilité, sa pauvre tête pleine de crevasses, ses orbites tous mous et tombants, et des yeux oh des yeux, ils ont plus vu que tous les yeux de la Terre réunis. C'est un peu ça de rendre belles les vieilles, comme le fait Cavalier avec sa repasseuse, je suis amoureux des femmes vieilles qui ont tellement de choses dans les tranchées de leurs rides, à dire et qu'elles cachent.
"Qu'est-ce que la forêt? La forêt, c'est une mer de, d'où, quand... Qu'est-ce que la forêt? La forêt, c'est une ville de laquelle, d'où, de qui... Qu'est-ce que la forêt? La forêt, c'est un ciel d'où, quand il, duquel... Qu'est-ce que la forêt? La forêt, c'est une forêt." A-t-on dit, aujourd'hui, quoique ce soit de plus juste?
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