Julia Köster est une célèbre meneuse de revue. Son dernier spectacle fait un carton mais elle cherche à fuir son imprésario qui la sollicite continuellement. Elle en vient à s'enfuir à bord d'un train, en sous-vêtements avec juste son manteau de fourrure par-dessus, et se retrouve coincée dans une gare de montagne après être sortie par mégarde du train alors que celui-ci repartait. Elle est recueillie par deux ingénieurs du chemin de fer habitant dans un chalet non loin, qui s'avèrent être de ses admirateurs quand elle passe à la radio, mais ignorent son identité.
L'un des films les plus chers tournés à Babelsberg, une comédie musicale qui commence et se termine par des numéros aux couleurs chatoyantes où le rouge domine particulièrement, il s'agit là des grandes heures du procédé Agfacolor. Le premier numéro s'ouvre sur une chorégraphie à la West Side Story (quinze ans avant West Side Story) virant à la Belle Epoque et à l'affriolant façon Folies Bergères, le second à la fin est un rêve de poursuite amoureuse entre chinoiseries (bonne idée la grande estampe vivante), flamenco et claquettes dans un décor antiquisant. Ce sont là sans doute les principaux points d'intérêt et les moments les plus marquants.
Marika Rökk est plutôt bonne actrice de comédie mais elle est surtout chanteuse et danseuse, et elle le prouve parfaitement, elle n'est jamais mieux dans son élément que quand il s'agit de danse acrobatique et de ballet. French cancan, roue en arrière, grand écart, toupie, pointes... elle savait tout faire, sans relâche (et quelles jambes aussi!). La majeure partie du film consiste en un triangle amoureux entre la star de cabaret et les deux ingénieurs avec quelques gags gentillets (on est loin du piquant d'une screwball comedy d'Hollywood), agrémenté de scènes de vie quotidienne bavaroise à laquelle doit s'accoutumer la mondaine en attendant de pouvoir rentrer chez elle.
La censure aura causé quelques ellipses qui tombent un peu comme des cheveux sur la soupe (et paraît-il la suppression d'une robe jugée trop osée, un bel hypocrite ce Goebbels).
Conçu uniquement pour divertir et procurer de l'évasion éphémère à une population allemande de plus en plus frappée par les bombardements alliés et les privations, le film connaîtra un étrange destin en tant que butin de guerre de l'Armée Rouge et sera paraît-il un succès... en URSS.