L'exubérante dépressive
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La Femme de mon frère a le mérite de représenter ce que seraient les œuvres de Xavier Dolan sans le génie de ce dernier, soit une suite de séquences rythmées et colorées comme autant de variations autour d’un sujet – la relation fusionnelle entre une sœur et son frère, ainsi que la jalousie qui s’installe – qui pourtant ne connaît pas de progression véritable. Ça crie à tout bout de champ, ça gesticule, ça ne tient pas en place, et pourtant le film adopte un statisme involontaire, un statisme structurel qui répète une série de tics esthétiquement marqués, à l’instar de ce montage incisif qui crée une impression d’épilepsie aggravée. Nous saluerions la recherche et l’ambition artistiques, si et seulement si toutes deux se subordonnaient à une réflexion sur la famille ou la jalousie, ici aux abonnés absents.
Quelques scènes fonctionnent et trouvent un équilibre entre l’hystérie tonale et l’articulation des plans : ainsi, le dîner dans un restaurant italien s’avère assez désopilant, de même que la séquence d’introduction. Mais nous avons davantage l’impression d’assister à une compilation de trucs, d’astuces relatives au découpage et à la photographie découpés dans un catalogue pop art qui n’est pas désagréable à regarder, mais qui ne constitue que l’ombre de l’œuvre qu’il aurait dû et qu’il prétend être.
En croisant les influences extérieures, en mariant les genres musicaux, le film La Femme de mon frère oublie, derrière les cris et les crises qu’il met en scène, de se composer une voix à lui.
Créée
le 24 mars 2020
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