Oui, le film de citadin trentenaire dépressif est un genre cinématographique à part entière, qui se décline ici à Montréal. Et, oui, je reconnais bien volontiers ne pas être un inconditionnel du genre. Ce préambule, indispensable à mes yeux, étant posé, que retenir de ce film, au delà des claques que l'on a parfois envie de mettre à Sophia et de la clique de crétins branchés mais complétement inconsistants, à commencer par son frère, autour de laquelle elle gravite ? Peut-être, afin que les choses soient bien claires une bonne fois pour toute, dire et redire que je n'ai pas ressenti la moindre empathie pour la plupart des personnages de ce film.


Après, j'ai trouvé, sur la forme cette fois-ci, que c'était - techniquement parlant - très bien réalisé : plans inventifs et soignés dans leur esthétique, enchainement originaux, bande son variée et judicieusement placée. C'est un film qui a été travaillé avec soin et certainement avec passion, c'est indéniable. On y retrouve par contre quelque chose - et ça c'est très personnel - qui m'irrite au plus haut point : ce sont ces gros plans sur des visages d'acteurs qui s'expriment en hurlant. Le zoom sur l'individu, quoi. Ce que je ne supporte pas chez Dolan, en particulier. Et là, manifestement, Monia Chokri, la réalisatrice, est issue de la même école. J'ai envie d'ajouter que c'est long (deux heures), et que comme il ne se passe pas forcément grand chose, notamment au cours de la première moitié, il a pu arriver que l'ennui s'installe chez le spectateur de base que je suis.


Néanmoins, tout n'est pas à jeter à mes yeux. Il y a notamment la question de l'humour, puisque le film est présenté comme une comédie. Et là, c'est un peu en mode ça passe ou ça casse : ce film ne tombe pas dans la facilité et s'inscrit dans la recherche permanente d'un ton décalé. Au sens où les gags trop évidents sont tout de même la plupart du temps proscrits. Du coup, si le spectateur n'accroche pas, ça tombe complétement à plat. Ce que j'ai ressenti à plusieurs reprises. Mais lorsque ça accroche, ça peut devenir très drôle : je pense en particulier, et me concernant, aux scènes de repas avec les parents de Karim et de Sophia.


Voilà, ça reste un premier film, et qui, vous l'aurez compris, m'a laissé mi-figue mi-raison. Mais il y a mes yeux du potentiel chez cette Monia Chokri, pour peu qu'elle parvienne à se défaire de l'emprise du style Dolan et peut-être aussi à aborder des sujets qui aillent au-delà de la simple chronique des états d'âmes de trentenaires aisés, mais paumés.

Marcus31
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le 7 juil. 2019

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