Si les références formelles à Dolan et plus encore à la Nouvelle Vague sont évidentes, ce n'est pas pour autant que le premier long-métrage de Monia Chokri, La femme de mon frère, n'a pas de personnalité. Bien au contraire, il en a presque trop, tellement l'actrice de Laurence Anyways a voulu sur-styliser sa mise en scène, de manière souvent ostentatoire et gratuite. Excès qui passe aussi par des dialogues incessants, se chevauchant à l'occasion, et débités façon mitraillette. La femme de mon frère est épuisant avec son trop plein d'énergie, un paradoxe puisqu'il s'agit de dresser le portrait d'une trentenaire archi-diplômée, archi-chômeuse et archi-célibataire. Narcissique et névrosée, la susdite n'est guère sympathique malgré l'abattage de Anne-Elisabeth Bossé qui écrase un peu les autres interprétations. Le spectateur est censé rire avec elle mais c'est d'elle qu'il se moque, de son mal-être plein d'énergie négative et de jalousie exacerbée. Les scènes familiales sont en revanche les plus réussies de même que celles qui, globalement, ramènent un peu de calme dans l'hystérie ambiante. Le film est bien trop long pour un scénario qui a juste une autonomie de 90 minutes et ce n'est pas la B.O très hétéroclite qui fournit une compensation, comme dans certains films de Xavier Dolan. Cette exubérance dépressive qui constitue la tonalité majeure du film aurait pu être domestiquée et assouplie pour, pourquoi pas, aller vers l'émotion. Ce qui est un peu le cas dans la dernière partie de La femme de mon père mais il est déjà trop tard.

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le 26 juin 2019

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