L'exubérante dépressive
Si les références formelles à Dolan et plus encore à la Nouvelle Vague sont évidentes, ce n'est pas pour autant que le premier long-métrage de Monia Chokri, La femme de mon frère, n'a pas de...
le 26 juin 2019
13 j'aime
Monia Chokri est une actrice québécoise reconnue, notamment pour être une fidèle du jeune prodige Xavier Dolan. Elle passe pour la première fois derrière la caméra et nous livre son premier film, « La femme de mon frère ». On retrouve d’ailleurs sur pas mal d’aspects des réminiscences de l’œuvre de son compatriote canadien. Par exemple, dans cette tonalité un peu iconoclaste et/ou poétique qui enrobe tout le long-métrage ou dans la manière dont la jeune cinéaste appréhende les rapports humains, familiaux et amoureux notamment. Sur la forme également, il y a des similitudes. Mais elle n’est pas dans le plagiat ni la pâle copie et elle parvient parfaitement à créer un univers qui lui est propre, une voie plus féminine, moins queer, un peu le pendant québécois d’une Greta Gerwig américaine (qui joue dans « Frances Ha » ou qui a réalisé « Lady Bird »).
La voie qu’emprunte Chokri est celle, souvent en partie autobiographique, de la chronique féminine d’une trentenaire paumée. Le titre est un peu trompeur car le film ne se focalise aucunement sur une relation triangulaire entre une sœur, un frère et la compagne de ce dernier. C’est juste l’une des constituantes principales du scénario mais pas son unique fil directeur. En effet, « La femme de mon frère » pourrait être qualifiée de comédie dramatique mais une comédie dramatique centrée avant tout sur le portrait d’une jeune femme de notre époque, oscillant entre gravité (un peu) et légèreté et humour (beaucoup). A ce titre, le long-métrage est souvent assez caustique avec de bonnes réparties et pas mal de situations plutôt drôles. Néanmoins, l’humour ne fonctionne pas à tous les coups. Et si le film est très bavard, c’est néanmoins souvent bien écrit, particulièrement dans des seconds rôles croquignolets.
On sera un peu plus réservé sur la mise en scène, qui n’est pas proprement renversante ni innovante - elle apparaît même parfois un peu vieillotte - mais qui laisse parfois échapper un certain cachet suranné qui fait tout son charme. Le problème principal de ce premier essai est en revanche sa durée. « La femme de mon frère » est en effet bien trop long. Ces longueurs tout autant que certaines scènes qui s’étirent, comme l’interminable plan final, nuisent clairement au plaisir que l’on prend à découvrir ce film. Raccourci de vingt bonnes minutes, on aurait évité l’ennui pointant parfois et le résultat aurait été bien plus pertinent. Mais c’est souvent le propre des premières œuvres d’être trop généreuses et d’avoir ce type de défauts. En revanche, s’il faut souligner quelque chose c’est bien l’osmose qu’il y a entre la comédienne principale (impeccable Anne-Elisabeth Bossé) et Patrick Hivon. Tous deux jouent une sœur et un frère dont la relation à l’écran est retranscrite de la manière la plus sincère, naturelle et réaliste qui soit. La complicité créée entre les deux personnages (et les deux acteurs) est criante de vérité. C’est l’atout principal de ce long-métrage à la fois charmant, délicat, gentiment impertinent mais parfois un peu excessif.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.
Créée
le 11 juin 2019
Critique lue 2.1K fois
13 j'aime
D'autres avis sur La Femme de mon frère
Si les références formelles à Dolan et plus encore à la Nouvelle Vague sont évidentes, ce n'est pas pour autant que le premier long-métrage de Monia Chokri, La femme de mon frère, n'a pas de...
le 26 juin 2019
13 j'aime
Monia Chokri est une actrice québécoise reconnue, notamment pour être une fidèle du jeune prodige Xavier Dolan. Elle passe pour la première fois derrière la caméra et nous livre son premier film, «...
Par
le 11 juin 2019
13 j'aime
Oui, le film de citadin trentenaire dépressif est un genre cinématographique à part entière, qui se décline ici à Montréal. Et, oui, je reconnais bien volontiers ne pas être un inconditionnel du...
Par
le 7 juil. 2019
10 j'aime
3
Du même critique
Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...
Par
le 15 nov. 2018
93 j'aime
10
Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...
Par
le 27 oct. 2022
91 j'aime
12
On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...
Par
le 18 oct. 2018
81 j'aime
11