On a beau savoir qu'il y a toujours une part de provocation dans les propos de Bertrand Blier, sur ce film (comme sur d'autres), il est difficile de ne pas taxer l'auteur de misogynie. Dans sa forme triangulaire chère à Blier, la relation que le personnage d'Isabelle Huppert entretient avec ceux de Coluche et Thierry Lhermitte fait de Viviane l'intruse, la femme corruptrice, qui plus est garce et peut-être vénale. Et Blier de nous la présenter comme un mal nécessaire, profitant de la faiblesse des hommes pour un peu de douceur mais menaçant les amitiés masculines.
Concentré sur le rôle de Coluche, célibataire méfiant mais trop seul pour ne pas être séduit par la femme de son pote Pascal, le récit tente de concilier la comédie vaudevillesque, sans ses excès, et une approche humaine, sensible, des personnages, de Micky plus particulièrement. Pour autant, délaissant par instants les situations cocasses et aphorismes insolents pour une certaine gravité, Blier n'est pas forcément convaincant parce sa démarche sentimentale parait un peu trop superficielle ou insincère pour que les rôles se détachent complètement de la caricature. On retiendra néanmoins des moments drôles et la composition savoureuse d'Isabelle Huppert en allumeuse des stations de sport d'hiver.