On retrouve ici Thierry Lhermitte, impeccable dans le rôle de Pascal, un séducteur sûr de lui, un brin cynique, qui semble avoir tout pour lui. Ce type de personnage lui va comme un gant, rappelant ses prestations dans des films comme Les Bronzés font du ski, à tel point que l’on peut avoir tendance à catégoriser son personnage avant même d’avoir saisi tout le contexte du film. Face à lui, Coluche brille dans un registre plus retenu que d’ordinaire, incarnant Micky, un homme maladroit et sensible qui voit son amitié mise à rude épreuve. Ce duo improbable donne au film toute sa force et sa singularité, entre complicité et tension. Quant à Isabelle Huppert, dans le rôle de Viviane, elle joue avec une sensualité discrète et une ambiguïté fascinante, apportant une profondeur inattendue à un personnage qui aurait pu sombrer dans de multiples clichés.
La dynamique entre ces trois personnages est le cœur battant du film. Le triangle amoureux qu’ils forment, tout en tension et en non-dits, donne lieu à des moments tantôt drôles, tantôt émouvants. Si l’intrigue s’appuie sur des situations occasionnellement légères, elle explore également des thématiques plus complexes comme la jalousie, la loyauté et les compromis que l’on fait par amitié ou par amour.
La mise en scène de Bertrand Blier, avec son style à la fois épuré et incisif, laisse toute la place aux dialogues et aux regards, parfois plus éloquents que les mots. Les échanges sont d’une finesse qui oscille entre le mordant et le désarmant, et le réalisateur joue habilement avec le non-dit pour maintenir une tension constante.
Cependant, certains spectateurs pourraient regretter que le personnage féminin, bien que brillamment interprété, soit cantonné à un rôle défini par sa relation aux hommes. Ceci dit, cela n’en est pas moins une œuvre marquante par sa capacité à mélanger humour, mélancolie et complexité émotionnelle.
La Femme de mon pote est une comédie dramatique tout en nuances, portée par un trio d’acteurs mémorable et un scénario qui, sous des airs légers, aborde des questions universelles sur les relations humaines. Une œuvre à redécouvrir pour son mélange d’esprit et de tendresse, et pour l’alchimie unique de son casting.