Tout le monde hait le détestable Charles Richmond (Ralph Richardson, impressionnant), millionnaire tyrannique vivant seul avec ses domestiques dans sa grande demeure anglaise. De tous ses ennemis, son neveu Anthony (Sean Connery) n’est pas le moindre, d’autant moins qu’il lorgne sa fortune d’un œil envieux, et que le millionnaire refuse de lui en céder un penny. Lorsqu’une jolie infirmière (Gina Lollobrigida) arrive pour soigner le vieux Charles, Anthony y voit la personne idéale pour rediriger et partager avec elle l’héritage du vieillard. Les deux montent alors un plan en ce sens, mais entre les trois, il devient vite impossible de savoir qui manipule qui. Mourra bien qui mourra le dernier…
Il serait vraiment temps qu’un distributeur français décide de faire redécouvrir au public de l’Hexagone un réalisateur tel que Basil Dearden. Même si ce dernier se révèle peut-être plus un (très) habile faiseur qu’un grand réalisateur à proprement parler, il n’en a pas moins signé bon nombre de bons voire d'excellents films (Au cœur de la nuit, Hold-up à Londres, Assassinats en tous genres) qui ne méritaient pas de sombrer dans l’oubli qu’ils connaissent aujourd'hui.
Ainsi de La Femme de paille qui connut cet injuste sort malgré un pourtant beau casting. C’est d’ailleurs sur son trio Sean Connery-Gina Lollobrigida-Ralph Richardson que se repose avant tout la réussite du film, tant les trois acteurs, aidés par une écriture toute en subtilité de leurs personnages, témoignent d’une ambiguïté qui rend le spectacle de leur relation captivant, le spectateur s'attachant à tour de rôle à chacun des trois personnages malgré ses défauts. Sans compter que le scénario, machiavélique à souhait, s'achève dans une apothéose hitchcockienne haletante à souhait.
Cela permet de passer outre quelques longueurs pour goûter un film policier classique, mais merveilleusement mis en images (belle photographie d’Otto Heller), et en musique (Mozart, Berlioz, Beethoven, excusez du peu…), qui, en outre, prend place dans de magnifiques décors (forcément, ils sont signés Ken Adam), et ainsi, se regarde avec un intérêt constant.