Un manoir fastueux, quelques chiens en chamaille, un oncle autoritaire et cruel, un neveu soumis,deux domestiques noirs sans cesse rabroués, une jeune et belle infirmière indignée. Des opprimés et un riche oppresseur. Mais à sa mort, un gagnant ou une gagnante au testament: un fabuleux butin !
Le meurtre se prépare ...
Digne d'un Hitchcock, encore que par moments assez prévisible, ce beau film de Basil Dearden, sorti comme pour chauffer les salles de Pas de printemps pour Marnie et Goldfinger, n'a pas à rougir de la comparaison avec les deux autres succès de Sean Connery de 1964.
Bien au contraire !
Il dispose comme eux d'une alliance des talents techniques et de jeux étincelants qui lui donnent une part de sa force. Réalisé par le futur père de La Seconde Mort d'Harold Pelham, qui lui insuffle un peu de son goût pour le fantastique et le policier macabre, il arbore le somptueux décor d'un manoir comme irréel signé Ken Adam - qui a aussi accouché du Fort Knox cette année-là - et ponctue ses péripéties de notes fortes et majestueuses dues à Mozart, Berlioz et Beethoven.
Sean Connery mais aussi Ralph Richardson et Alexander Knox (Khartoum), Douglas Wilmer (Sherlock Holmes, Octopussy) mieux encore Gina Lollobrigida (Notre Dame de Paris) donne vie à ce qui semble une comédie macabre aux accents engagés et qui s'achève en quasi-Columbo.
Comble du génie, l'année même où Sean Connery joue les chevaliers de Sa Majesté et les anges protecteurs des jeunes femmes en perdition, La Femme de paille, bien avant The Offence, met déjà à mal cette image de gendre idéal qui lui colle à la peau, tout en jouant sur elle pour entretenir le suspens.
Sur bien des plans, Tony Richmond semble être James Bond. Son costard blanc d'une scène de soirée mondaine fait écho au pré-générique du 007 voisin. Mais son visage d'ange n'est là que pour mieux faire éclater sa gueule de démon machiavélique !
Entre Kafka, Dickens et Daphné du Maurier, ce beau petit policier à de quoi charmer et plaire.
Ce n'est pas un film de paille ni de la pellicule en toc, c'est un beau mésestimé.