Certaines œuvres une fois visionnées trainent encore et encore dans la tête, il faut plusieurs jours pour pouvoir les digérer correctement. La femme de Seiku fait partie de cette catégorie. Dans la vie il y a ceux qui ont tout, et ceux qui ne connaissent que la difficulté depuis le jour ou ils sont arrivée au monde. Orkane fait partie de la seconde catégorie, elle a été ainsi marié très jeune à un riche commerçant pour éponger les dettes de ses parents. Évidemment ce statut de jeune femme achetée par un vieux, la fait passer au regard des autres pour quelqu'un d'intéressée. Une fois son vieil amant mort les enfants de ce dernier lui donne de l'argent et la laisse partir. Orkane retourne au village avec sa mère. Si les deux femmes ont de l'argent, elles restent tout de même les pestiférés du coin. Peu de temps après leur retour, un jeune homme revient lui aussi au village, c'est un soldat qui est considéré aux yeux de tous comme un héros.
Yasuzo Masumura fait un portrait acerbe de la société nippone, celle qui écarte ceux qui ne suivent pas le chemin dicté par la communauté. Orkane n'a que faire de ces codes et des gens qui se pensent meilleur car ils agissent comme le veut la norme. Cette femme est clairement hors norme, son parcours elle ne l'a pas choisie mais elle l’accepte et l'assume. Le jeune soldat va croiser la route d'Orkane, la passion va rapidement s'installer entre ces deux êtres opposés. Aimer une femme comme celle-ci est clairement une folie pour les gens du village. C'est un amour absolu entre les deux, seulement l'honneur et l'amour de la patrie passe avant tout pour celui qui rêve de mourir en héros. Puisqu'il est un héros pour tout le monde il doit le devenir, c'est sa destinée il est fait pour ça, personne ne pourra rien y changer même pas Orkane. La jeune femme est prête à tout pour le garder, elle peut même commettre l'irréparable pour lui ouvrir les yeux.
Yasuzô Masumura réalise un film d'une grande intensité, dans lequel il parle du regard de la société, de l'endoctrinement de la jeunesse et de l'amour absolu. Tout est finement tissé dans cette histoire, la mise en scène est excellente et les plans sont sublimes. Masumura a un sacré sens du cadrage et du placement de sa caméra.