Second film vu à l'Etrange Festival, j'en attendais énormément car j'ai découvert son réalisateur avec La fièvre de Petrov que j'ai adoré et trouvé extrêmement brillant à l'Etrange Festival de l'année dernière.


Ce film m'a surpris par son côté vraiment mal aimable en terme de rythme hyper lent et parfois assez ennuyeux mais qui semble voulu et cohérent avec ce qui est raconté.


On a un film de 2h20 centré sur une femme maladivement amoureuse de Tchaïkovski qui évolue entre dépression et folie dans une lumière très travaillée et très belle mais qui est toujours au service de la tristesse, du malheur: soit elle est grisâtre, soit elle est blanche mais fait ressortir la lividité de l'interprète.


Au niveau de la mise en scène, c'est là aussi très qualitatif, le film se sert de beaucoup de plans séquences, de plans longs toujours travaillés et somptueux visuellement. On y voit des cadres qui sont parfois très sobres pour représenter un ennui, un manque d'âme ou plus étrange avec par exemple de nombreux sans abris crasseux, privés de certains membres et agissant de façon un peu folle devant une église.


Le film se raccorde avec le précédent dans la mise en scène mais aussi dans ce qui semble être une caractéristique de Serebrennikov à savoir le déraillement de l'action par des outrances folles et théâtrales qu'on trouve dans l'introduction, dans le final très impressionnant du film (qui contient beaucoup d'hommes nus) et à pas mal de moments qui vont permettre de faire sortir le spectateur de sa torpeur provoquée par un rythme compliqué qui enchaîne les pauses dans le récit et dans les scènes pour nous coincer dans le spleen du personnage principal qui est condamné dès que le film commence et qui n'évolue jamais positivement.


Avec ce nouveau film de Serebrennikov, nous vivons un drame oppressant qui nous force à nous coller à un personnage condamner au quotidien lancinant, éclairé comme un fantôme, une ombre ou un cadavre , le tout filmé avec une grâce et une maîtrise très forte se muant parfois en accès de folie visuelle et narrative qui permettent de conserver l'intérêt du spectateur.

KumaKawai
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le 15 févr. 2023

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KumaKawai

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