Useless bride
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Kirill Serebrennikov est un artiste de points de vues, que ce soit dans La fièvre de Petrov, son précédent film où l'on chaloupe d'un personnage à un autre ou que ce soit dans sa mise en scène théâtrale du Moine noir d'après une nouvelle d'Anton Tchekhov où la même histoire est représentée quatre fois, de manières différentes. La femme de Tchaïkovski poursuit cette veine en se plaçant du côté de cette femme non retenue par l'Histoire, à défaut de son mari, célèbre compositeur russe. Plus qu'à une symphonie, le film va davantage s'apparenter à une danse. Tout d'abord, l'obsession quasi maladive d'une femme pour un artiste qui ne l'aime pas. Passion, déni, auto-persuasion : l'ambiguïté de l'amour éprouvé entre réel désir et acharnement à vouloir exister au côté d'un génie, est particulièrement bien rendue. Par ce prisme, c'est la fabrique même de ce qui fait génie qui est questionné, sa carnation et sa banalité. Autour de cet amour impossible, c'est un ballet de mouvements de caméras, plans séquences qui volent, survolent même pour créer des tableaux qui tentent eux aussi le sublime. On attend alors que cette danse devienne incontrôlable à l'image des mouches disruptives mais le point de vue d'Antonina se floute petit à petit pour laisser la place à celui du réalisateur. Cette volonté de signer en tant que créateur (et par là même exister ?) entraine le film dans une ronde d'une beauté visuelle et onirique mais indéniablement sur-explicite, pleine de redites et de longueurs évitables.
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Créée
le 2 mars 2023
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