Le grain et la peau.
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Le parcours physique (déambulation du protagoniste, un leurre) en opposition au parcours mental (quête de soi pour trouver la liberté intérieure). Les tentatives de fuites physiques se soldent par des échecs : les sables mouvants, l'océan. L'eau est présente au début (face à lui) et à la fin (en arrière plan, qu'il contemple), synonyme d'obstacle puis de liberté (re)trouvée.
L'eau — Au début, la volonté de liberté est contrecarrée par la figure du bateau, enfoui dans le sable, symbole de l'emprisonnement futur. Ce n'est qu'un semblant de liberté dans l'état d'oppression par la vie moderne que semble fuir le héros.
La paperasse — Dès le générique, les documents administratifs s'entassent, les empreintes digitales se font envahissantes. La fin du film sur la déclaration de disparition est en fait une forme de renaissance.
Les insectes — Symbole de l'homme, de son impuissance, c'est un miracle qu'il survive en plein désert. Le spectateur devient entomologue. La séquence de l'insecte dans le bocal est terriblement prémonitoire : l'homme prendra rapidement sa place, pris au piège de la femme araignée / fourmilion.
Le sable — Une lutte bien futile que de vouloir s'en débarrasser. Nouvelle variation sur le mythe de Sisyphe, la même conception de l'absurde mais le héros ne se contente pas ici de cette situation perpétuelle. Il doit se métamorphoser et entrer en coopération avec le sable, avec la femme, pour avancer. Le parallèle entre la femme et le sable devient évident quand elle tombe enceinte : ils sont tous deux porteurs de vie, elle avec l'enfant, le sable avec l'eau attirée par capillarité.
Au début, l'homme la traite avec moquerie et sarcasme alors qu'elle lui apporte le plus grand soin. Peu à peu, l'homme comprend que le secret de la libération se trouve dans la coopération et non dans la lutte. Le sable est fécondé en même temps que la femme. La fosse est l'utérus et unit/scelle le couple, le sauve de la crise. Un mauvais coït entraîne une mauvaise grossesse, l'homme s'intéresse enfin véritablement à elle. Dernier plan, en miroir dans l'eau : l'enfant, son fils, et un gros plan sur ses yeux, son mental. Le film était un voyage intérieur ?
Gros plans sur la peau, la sueur et le sable.
Musique dissonante et minimaliste.
Mélange de mystère et d'érotisme.
Le jeu des corps.
Surimpressions, gros plans, changement d'échelles : le sable perd sa spécificité, les dunes deviennent des fesses.
[Avis brut #8]
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Créée
le 21 juil. 2015
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