Le grain et la peau.
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Le cinéma nippon nous offre parfois des pépites qui n'auraient pu émerger d'aucun autre lieu sur notre planète. La femme des sables n'a à ce titre pas fini de fasciner les amateurs du genre. Servi par un scénario épuré et efficace, ce huis clos psychologique ensablé délivre avec force une leçon de vie pour le spectateur.
De prime abord, le scénario semble davantage directement tiré d'un film de série B : un instituteur passionné par l'étude des insectes quitte Tokyo pour se rendre à la campagne le temps d'un court séjour afin de capturer diverses bestioles locales. Sur place, l'homme rencontre des villageois qui lui proposent de l'héberger pendant la nuit qu'il n'a pas vu tomber. Le chercheur accepte et loge chez une jeune femme visiblement peu habituée à accueillir des étrangers dans sa demeure. Le lendemain matin, l'échelle qui a permis au visiteur de se rendre chez la logeuse la veille a disparu. Commence alors la cohabitation entre ces deux êtres que tout sépare.
La simplicité apparente du récit vient au service d'un développement psychologique parfaitement maîtrisé du prisonnier. Au creux de cette falaise infranchissable, c'est la condition humaine qui est présentée au spectateur. L'amour n'a pas sa place dans cet enfer. Les corps se rapprochent par nécessité, pour surmonter les difficultés du quotidien, mais à aucun moment la tendresse, l'empathie ou l'altruisme ne viennent guider les choix du captif.
Toutefois, en l'absence d'un quelconque optimisme ou romantisme, le récit présente tout de même une dimension didactique puisque si l'instituteur est toujours aussi égoïste mois après mois, celui-ci apprend tout de même d'épreuves en épreuves la signification de la notion de liberté. Condamné au pied de cette falaise de sable, l'homme va finir par tenter d'exploiter au maximum son environnement. Le couple de fait finit également par se rapprocher non pas sans offrir au spectateur des scènes d'une très grande sensualité.
S'il est tout à fait possible d'analyser ce film de survie avec un livre de Freud entre les mains, le plus intéressant reste la mise en scène millimétrée qui présente un caractère hypnotique remarquable. L'ouverture du film et la musique originale minimaliste démontrent parfaitement le caractère inédit de l'expérience à laquelle le spectateur est confronté. La plongée dans cet univers pas si parallèle ne se fait toutefois pas sans effort, l'œuvre gagnant en intérêt et fascination de scène en scène, mais nécessitant une attention toute particulière du spectateur au stade de l'immersion.
Chef d'œuvre inoubliable, cette Femme des sables permet le temps de quelques scènes apurées de relativiser la portée de notre existence et le sens de notre vie, tout en délivrant un message d'optimisme salvateur.
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Créée
le 29 mars 2016
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