Difficile de remplir les salles avec un tel titre, mais un peu moins qu'avec le titre original L'oeuf de dinosaure fossilisé ! C'est la louange unanime du Masque et la Plume qui m'y a amené. Avec ce titre (et avec le graphisme de l'affiche), il semble que les producteurs aient voulu faire un clin d'oeil au Bon, la brute et le truand ? Publicité très mensongère dans ce cas. Certes, le film est par moments splendide, nous allons en parler, mais l'honnêteté oblige à préciser qu'il atteint par ailleurs le degré zéro de l'intrigue. On est le plus souvent proche du documentaire, si le mot "fiction" a un sens. L'ennui n'est pas toujours loin, même, je le précise, pour un amateur du cinéma de Béla Tarr :)


Dommage, car Quanan Wang propose un beau portrait de femme indépendante (cette bergère qui sait ce qu'elle veut et l'obtient), une réflexion très immanente sur la réincarnation (en substance : "si la femme assassinée n'avait pas été découverte, elle se serait décomposée, aurait été mangée par les moutons à leur tour mangés par les humains"), et sur le temps cyclique (les dinosaures qui reviendront). L'histoire, quant à elle, est aussi plate que la ligne d'horizon, ce qui n'est pas peu dire.


Lorsque le scénario est aussi volontairement dépouillé, la forme doit captiver. C'est ce qu'elle parvient très bien à faire au début. Ces plans fixes très larges où les personnages sont de minuscules points sur l'écran s'accordent magnifiquement à la majesté du paysage. Les humains sont comme écrasés par le ciel, celui-ci, souvent d'une beauté stupéfiante, occupant opportunément 80% de l'image. Savoureux. Le jeune flic désigné pour se cailler les miches devant la femme inerte danse sur Love me tender, tournant autour du cadavre, cette forme ronde et blanche qui ressemble à... un oeuf. Comme dans une cérémonie vaudoue. Entre le burlesque et l'envoûtement.


Peu à peu, la caméra se rapproche et le film devient plus inégal. Il atteint au sublime dans la scène d'amour physique devant le feu, avec les personnages saisis tantôt à travers les flammes, tantôt émergeant du dos du chameau. La femme qui saisit son fusil en pleine étreinte, décide finalement de laisser finir le jeune flic avant d'aller flinguer la louve qui menace ! Rien que cette scène, magique, justifie le déplacement ! Lui répond une autre belle scène, la scène d'étreinte finale dans le noir, avec juste des ronds de lumière qui dansent dans l'obscurité.


Mais Quanan Wang ne parvient pas à ce niveau d'intensité tout au long de son film, tant s'en faut. Certaines scènes sont nettement plus banales (la bergère fumant une clope en regardant son test, l'égorgement du mouton, la mise bas du veau). C'est sans doute la limite de ce film ambitieux, qui ne remporte que partiellement son pari.


7,5

Jduvi
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le 27 août 2020

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Jduvi

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