La photographie somptueuse que signe Aymerick Pilarski suffit à justifier le visionnage d’Öndög qui, sous ses faux airs de western, dévie l’intrigue policière vers la romance sauvage entre une femme des steppes et un jeune policier encore vierge. Aussi le long métrage devient-il une lente initiation à la sexualité, entamée par la découverte macabre d’un corps dénudé que menacent les charognards alentours comme autant de prédateurs ; elle s’achèvera par un accouplement par deux fois répétée, d’abord à l’extérieur puis à l’intérieur, que le réalisateur filme avec insistance, complaisance, gratuité.
Car un paradoxe sous-tend le long métrage : capter la pureté d’une nature âpre et intacte au sein de laquelle l’homme vit en harmonie avec la nature – quoiqu’il faille tuer les loups à la carabine quand ceux-ci viennent à approcher – en esthétisant à outrance l’image. L’utilisation du plan-séquence, brillante dans un premier temps en ce qu’elle incarne à l’écran l’immensité du décor et la difficile communication entre les personnages, tend à s’automatiser, de même que ce plan sur un motocycliste roulant au milieu des paysages mongoliens, dont Wang Quan’an use et abuse. Tout cela est trop clinquant, trop conscient, trop évident : la cruauté de certaines séquences – entendre cruauté au sens de « plaisir à faire couler le sang », animal essentiellement – semble là pour être cruelle, non parce qu’elle participe au quotidien du territoire.
Néanmoins, nous saluerons l’entrelacs de la matière brute et de la matière spirituelle, donnant lieu à des méditations sur l’existence puissantes parce qu’elles sont simples et recouvrent cet essentiel qui manque tant à nos sociétés dites modernes. Le don d’un œuf préhistorique, en somme, qui confond les temporalités et les espèces au nom d’une même appartenance à la Terre.