Il y a de ces gens qui n’aiment pas la pizza hawaïenne.
Postulat compréhensible.
Ils peuvent aimer l’ananas. Ils peuvent également aimer la pizza. Mais ils n’aiment pas la pizza AVEC de l’ananas.
Le premier est un fruit plutôt fin. L’autre un produit phare de fast-food.
Incompatibles à première vue.
Impossible pour un amateur de pizza « standard » de cautionner la pizza hawaïenne.
Je suis de ceux qui aiment la pizza hawaïenne.
Et « 5 to 7 » est un peu ma pizza hawaïenne.
On peut aimer l’ananas : le film romantique « intellectuel » et contemplatif français.
On peut aimer la pizza : la romance américaine indépendante et légère.
Impossible pour un cinéphile « standard » de cautionner un essai de chimérisme entre ces deux genres à première vue incompatible.
Et pourtant, pour l’amateur de pizza hawaïenne, la chimère fonctionne. Choc entre deux genres, choc entre deux cultures.
En découle évidemment un film stéréotypé au paroxysme.
L’américain est stable, la française est frivole. L’un joue au baseball, l’autre fait des soirées mondaines.
Ils s’aiment, ils se complètent, s’apprennent, s’attirent, se déchirent.
Passée la campagne marketing maladroite entourant le film (sur-médiatisation de la présence de Lambert Wilson, un titre français peu adapté : « La Femme du Diplomate »), « 5 to 7 » est une romance sympathique, sensible et profondément ancrée dans des guerres de mœurs qui ont une résonance universelle dans les relations actuelles.
Un film non mémorable mais singulier. Pas une perle, mais un film attendrissant.
Le petit plus réside dans l’utilisation de "vrais" acteurs français et surtout dans l’interprétation d’Anton Yelchin, acteur prometteur, parti trop tôt et non habitué du genre purement romantique.
En bref une bonne romance américano-française.