Scream c'est LA série que j'attendais le plus en 2015, adaptation en série TV de la saga de films qui m'a fait aimer le cinéma d'horreur et connaître le genre du slasher, c'était évidemment pour un aficionado de séries un rendez-vous incontournable. Maintenant que j'ai vu les 2 premières saisons et le Halloween Spécial, je peux me lancer dans une petite review (assurée 100% sans spoiler).
Aux yeux du détracteur ou du non connaisseur de slasher et/ou de séries pour ados, Scream c'est un teen drama mièvre qui tente tant bien que mal d'intégrer des éléments du cinéma d'horreur à sa storyline vide en s'appuyant sur des personnages creux et clichés.
Mais pour juger Scream à sa juste valeur, je pense qu'il faut en priorité aimer la saga originale, le genre du slasher et celui du teen drama. En sachant qu'une personne qui aime la saga devrait être encline à aimer les slashers, qui eux-mêmes sont des teen horror movies, donc des teen drama "déguisés" en films d'horreur. Quoi qu'il en soit ces deux genres sont imbriqués l'un dans l'autre : n'oublions pas que Kevin Williamson scénariste émérite de Scream (le film) est également le créateur de Dawson, LA série teen drama par excellence.
Dans Scream, on retrouve, à peu près et à première vue, ce que l'on pourrait appeler un pâle remake de l'équipe de protagonistes de la saga cinématographique : pour faire bref on peut citer principalement Emma, nouvelle version de Sidney et Noah, nouvelle version de Randy.
Qui dit nouvelle version de Randy dit références comme s'il en pleuvait. D'où le titre de ma review (tiré de la réplique de Brooke à Noah : "Noah, please don't go all meta on me right now") : la série se veut, dans la lignée de la saga, une oeuvre complètement métafictionnelle. Et Noah est notre principal portail sur la pop-culture, et surtout sur le genre du slasher, dans la série. A travers lui, d'autres protagonistes, des noms (de personnages, de villes...), des décors, des lieux, des situations, le respect de codes, la série peint sans que l'on puisse s'en rendre forcément compte le paysage complet de 30 ans de slashers. Toutes ces références non limitées par un format de 1h30 sont un pur plaisir pour un amateur du genre, et au delà un hommage assez magistral au sous-genre lui-même.
Mais est-ce que Scream se limiterait à ça ? Un pâle remake d'une saga qui donne une excuse pour un hommage d'une vingtaine d'heures ? Non, Scream ce n'est pas un pâle remake, c'est un brillant reboot. Bien sûr les personnages peuvent paraître insipides en comparaison de ceux de la saga d'origine. Ce n'est pas forcément parce qu'ils le sont, mais plus parce qu'ils sont différents de leurs prédecesseurs (et personne n'aime le changement). C'est à mettre sur le compte de l'évolution des mentalités, des modes de vie, etc. Les adolescents d'aujourd'hui ne sont plus les mêmes que ceux des années 90. Et Scream a parfaitement su surfer sur ce changement tout en faisant la part belle à l'oeuvre originale. La série est différente, car plus actuelle.
Et c'est le traitement de l'aspect actuel qui fait, je trouve, la part entre la série et les films. Dans Scream 4 (que j'adore), on prend un socle de personnages "vieux" et on y rajoute des éléments de modernité pour attirer un public plus jeune (et c'est très bien fait dans le film d'ailleurs). Dans la série on prend un socle de personnages jeunes et on y rajoute des éléments/références de vieux slashers (pour attirer le public du genre). C'est toute la différence, et ça marche.
Les intrigues sont basées sur l'utilisation omniprésente des réseaux sociaux, sur le partage instantané de l'information, etc. Et la série est diffusée par la chaîne MTV qui est connue pour avoir une jeune audience. Elle s'adresse donc sans détour aux adolescents d'aujourd'hui (même le choix du format lui-même : la série TV, soutient cet ancrage dans l'évolution des pratiques). C'est ce qui permet à un jeune public de s'identifier bien plus facilement à Emma et ses amis "clichés" qu'à Sidney. Parce que oui : les personnages sont clichés (ce qui de toutes façons est un code du genre, dur d'attaquer là-dessus), mais ce sont des clichés "actuels", au même titre, je suppose, que les personnages du film étaient des clichés des adolescents de la fin des années 90.
Et je pense que c'est là que réside la vraie richesse de la série, son vrai tour de force : arriver à s'adresser simultanément à plusieurs publics : pouvoir combler les attentes d'un amateur historique de slashers et/ou de teen drama, tout en renouvelant le genre et surtout en faisant découvrir tout un pan du cinéma d'horreur peu connu (et reconnu) aux adolescents d'aujourd'hui. A la façon dont Scream m'a fait découvrir les slashers il y a quelques années (même si je ne suis pas très vieux !) en renouvelant le genre, en le rendant accessible pour un premier visionnage et ainsi en me permettant par la suite de découvrir toute sa richesse.
Pour conclure, pour moi, Scream c'est la transmission de la passion du slasher à une jeune audience. C'est le renouveau du genre, c'est la continuité du genre, c'est un hommage au genre. En bref la série Scream fait aujourd'hui ce que le film Scream a fait il y a 20 ans.