Nous suivons Tome, fille de paysans devenant prostituée puis maquerelle, avec un regard d'anthropologue. Le temps file, 40 années, ponctuées d'arrêts sur images qui marquent nos esprits.
Imamura inscrit son personnage au centre de deux histoires : celle du Japon, sévère et sans répit, et celle de la sexualité : de l'inceste à l'esclavagisme, de la prostitution à la libération des moeurs, la femme insecte traverse sa vie loin de toute interrogation morale : la survie, c'est le corps ; elle l'a bien compris.
Les hommes sont misérables. Père incestueux, mari idiot qui ne travail pas, hommes trop absents, hommes trop présents ; le défilé nous montre bien qu'on mène pas large. Et pourtant, les femmes ne sont pas non plus sublimées, sauf peut-être la gamine de notre femme-insecte, celle qui se contente de labourer son champ sans se soucier de la ville. C'est que les champs aussi se transforment. Imamura filme tout cela de loin, la seule intimité que l'on partage à quelques rares occasions sont celles des corps qui se rencontrent ou se retrouvent, mais seulement lorsque cela a un sens pour ses personnages. Sinon, la caméra sait rester pudique.