Il est rare de voir un film traiter du grotesque, surtout de manière aussi frontale. Le sujet est donc original et prometteur (pour peu que l'on aime les atmosphères poisseuses et potentiellement sanglantes).
Au carrefour du baroque, du fantastique d'Edgar Poe et du guro d'Edogawa Ranpo, sans oublier l'ombre de Jack l'éventreur, le film avait le choix des influences pour entraîner le spectateur dans un univers dérangeant entre horreur et enquête policière.
Tous les ingrédients sont là, et notamment un scénario correct et une actrice envoûtante en premier rôle, mais la sauce ne prend pas... On pourrait se dire qu'il ne manque qu'un petit quelque chose pour que le tout soit une réussite, mais quand on se penche plus en détail sur ce qui cloche, on se rend compte que les insuffisances sont trop nombreuses pour pouvoir rattraper quoi que ce soit.
La réalisation est molle et ne parvient jamais à souligner le suspense ou l'horreur. Elle plombe la plupart des scènes.
La prise de son est parfois catastrophique (ou bien peut-être sont-ce les acteurs qui n'articulent pas).
La musique est maladroitement étrange (guitare électrique, son jazzy décalé) et fait aussi décrocher le spectateur.
Les acteurs semblent souvent tâtonner, avec pour résultat de sonner particulièrement faux (la palme de l'amateurisme revenant à Michel Fau, justement, mais peut-être est-ce sa marque de fabrique).
Les personnages (et les dialogues) sont peu fouillés.
Et surtout, le montage enfonce le rythme et joue contre l'intérêt du scénario. Des révélations viennent trop tôt, d'autres trop tard, et tout un pan de l'histoire a été visiblement sacrifié sur l'autel des scènes coupées.
Difficile, donc, de se concentrer sur les bons côtés, tant les problèmes sont divers et variés.