Un mauvais Hong Sang-Soo, ça existe donc !


Cette fois, on suit Gam-Hee (Kim Min-Hee, coeur coeur) qui fait le tour de ses anciennes amies puisqu’elle est éloignée de son mari pour la première fois depuis qu’ils sont ensemble. Le film est découpé en trois segments et on retrouve les ingrédients habituels du réalisateur (rimes entre les segments, scène de repas et de beuverie, zoom et dézoom pendant les longues discussions pas toujours écrites, etc). Mais, la magie n’opère pas.


Le premier segment est le plus réussi, le seul où il y a un peu de vie. L’alcool et la viande sont partagés convivialement, les joues rougissent, les discussions sont rigolotes (Quel meilleur endroit qu’un barbecue pour se demander si on pourrait devenir végétarien ?). Il y a une très jolie scène où un voisin demande aux amies de Gam-Hee de cesser de nourrir les chats de gouttière du quartier. Entre politesse et refus catégorique, douceur et ironie, la réponse des amies est magnifique !


Le deuxième segment est raté. Comme le repas servi par cette amie artiste mais tellement déprimante. Ici encore, un homme vient importuner la soirée des deux amies, on ne le verra encore une fois que de dos. Mais ça clignote trop : Hong Sang-Soo tourne le dos aux hommes pour montrer la douceur des femmes quand ils ne sont pas là. En plus d’être plutôt idiote, cette idée est ratée dans ce film. C’est presque méprisant : le film exclusivement réservé aux femmes entre elles est le moins vivant, le moins drôle, le moins alcoolisé, le moins intéressant.


Le troisième segment est encore plus solitaire, puisque Gam-Hee mange cette fois seule pendant une séance au cinéma. L’amie rencontrée dans cette partie semble être l’amoureuse actuelle d’un ex de Gam-Hee, qu’on verra à la fin. Mais il n’y a pas grand chose d'intéressant à en tirer.


Pour finir sur une touche positive, ce que je retiendrais de ce film, ce sont les scènes dans lesquelles Hong Sang-Soo filme les amies couper, peler et partager des pommes. Toute la beauté de son cinéma se trouve dans ces plans.

Jo_Babouly
5
Écrit par

Créée

le 8 oct. 2020

Critique lue 437 fois

4 j'aime

Jo_Babouly

Écrit par

Critique lue 437 fois

4

D'autres avis sur La Femme qui s’est enfuie

La Femme qui s’est enfuie
Pout
7

Coupable !

Et si la femme s’était enfuie parce qu’un homme était arrivé ? Et si cet homme, c’était moi. Là, à la mi-septembre, je venais de m’introduire dans une voie étroite aux nombreuses ramifications, celle...

Par

le 20 sept. 2020

11 j'aime

2

La Femme qui s’est enfuie
YasujiroRilke
7

Critique de La Femme qui s’est enfuie par Yasujirô Rilke

Autour du mont Inwang, Hong Sang-soo chorégraphie la danse éthérée de Gam-hee (Kim Min-hee), rendant visite à 3 de ses amies. Pour portraiturer, sans frénésie, l'épuisement des femmes devant la...

le 30 sept. 2020

6 j'aime

3

La Femme qui s’est enfuie
Vanbach
7

Une femme sous influence

On remarque inévitablement, non sans ironie, l'incroyable répétitivité du mécanisme Hong Sang-soo : structures arithmétiques, compositions géométriques, léger zoom, léger dézoom et enfin des...

le 4 oct. 2020

5 j'aime

Du même critique

Julie (en 12 chapitres)
Jo_Babouly
3

Le film a l’air Metoo

Quatre à la suite ! Dans la série “Les réalisateurs de films festivaliers font tous le même film”. Ruben Ostlund avait ouvert le bal avec The Square, puis Thomas Vinterberg avec Drunk, Léos Carax...

le 2 nov. 2021

9 j'aime

3

Les Siffleurs
Jo_Babouly
3

Critique de Les Siffleurs par Jo_Babouly

J'ai pas vu l’intérêt du film. Le coté thriller est raté à cause d'un scénario à effets de surprise bien vain. Si on comprend bien chaque rebondissement, en revanche on n'a aucune vision claire de...

le 20 janv. 2020

8 j'aime

3

Une machine comme moi
Jo_Babouly
5

Critique de Une machine comme moi par Jo_Babouly

Deuxième livre de McEwan que je lis et c'est la confirmation : je vais lâcher l'affaire avec lui ! Après l'intérêt de l'enfant, on retrouve le même procédé, les mêmes réflexions relativement...

le 29 janv. 2020

5 j'aime

3