La ferme des Bertrand
Le besoin de confort des agriculteurs !
Je ne l’avais pas ressenti aussi fort, quand, adolescent, je fréquentais certains des agriculteurs de St Maurice en Valgaudemar (63 – 65).
Cette revendication toute légitime dans un pays qui prône l’Égalité, les Bertrand l’ont payé au prix fort, celui de la sueur et des larmes.
Pour obtenir toutes ces commodités liées au bien être, les trois frères Bertrand ont donc pris le train de la Fraternité en mettant leur force de travail et leur structure d’exploitation au service de la France en relevant le défi du gouvernement d’après guerre de rendre la nation auto-suffisante sur le plan alimentaire.
Par les lois d’orientations agricoles d’Edgard Pisani (1960 & 1962), les gouvernants leur ont permis de suivre les rails du progrès mécanique, mais aussi technico-économique (remembrements sous l’égide des SAFER, création de nouveaux statuts d’exploitation tels GFA et GAEC, Dotation Aux Jeunes agriculteurs, instauration de prêts bonifiés, etc.)1
Et, ils ont réussi leur pari. La nation agricole a produit beaucoup plus qu’espéré, ouvrant de ce fait, la porte aux exportations (arme de domination néocoloniale !).
Les trois frères ont travaillé comme des forçats (illustré par la séquence de préparation de la dalle de la future étable- 1972) qui allait leur permettre de développer leur production autour de l’AOC, puis AOP « Reblochon ».
Cependant de telles options de vie, ne les a pas laissé totalement libres de leur choix de vie (impossibilité d’affronter le possible exode rural et l’acceptation de leur célibat comme une fatalité).
Bref, par dessus tout ça, il y a l’ombre des remboursements des prêts au crédit agricole (c’est tacite dans le film). Et, ils se donc sont transmis d’une génération à l’autre, ce choix d’une agriculture productiviste au prix d’une mort précoce ou d’une retraite tardive, occupée à travailler encore et toujours, ne leur ouvrant que la porte d’un maigre espoir « que cette vie me quitte » !
Liberté, derrière la beauté bucolique des paysages haut-savoyards, que de crimes se sont commis en ton nom.
Un grand merci à toute l’équipe du Central à St Bonnet pour le choix de ce film qui invite à la réflexion. Quel dommage, toutefois, que le débat ait été mal préparé et sur le plan technique et sur le plan de son animation.
• Mal fonctionnement des micros dans une salle où dominent pas mal de sonotones !
• La présence de témoins agriculteurs n’a pas suffit à animer le débat, de plus la salle ne se prête pas à ce genre d’échanges
Ancelle, le 29 février 2024