Au nom de la terre

Deux ans après la sortie de l'excellent "Goupi mains rouges" de Jacques Becker, Jean Dréville signe une autre chronique rurale très réussie, plus proche du documentaire avec un certain nombre de scènes de travail aux champs.

De fait, l'intrigue s'avère plus mince que dans le film de Jacques Becker (avec une construction narrative légèrement bancale), par conséquent le récit s'en trouve moins captivant, mais "La ferme du pendu" reste une belle réussite.
Une œuvre qui montre parfaitement l'impact du progrès sur le mode de vie des paysans, avec la nouvelle génération qui évolue, et l'ancienne qui conserve des mœurs d'un autre âge.

Dans la peau du vieux péquenot solitaire obsédé par ses terres, égoïste et autoritaire, Charles Vanel fait un grand numéro, parvenant à rendre touchant son personnage pourtant antipathique.

Autour de lui, Alfred Adam (que je découvrais pour ma part) se révèle également très convaincant dans les frusques du frère cadet, rustaud et très porté sur la bagatelle, tandis que Guy Decomble incarne le benjamin de la fratrie, aux idées moins rétrogrades mais trop effacé derrière ses aînés, et que Bourvil effectue sa première apparition au cinéma dans un rôle secondaire.

Un mot sur le casting féminin, qui ne démérite pas : on regrettera que l'avenante Arlette Merry soit trop vite évincée du récit, mais l'accorte Claudine Dupuis et la gracile Lucienne Laurence se chargent de maintenir tout du long une digne présence du sexe faible.