Pendant l'Occupation, le cinéma français s'est beaucoup tourné vers le fantastique ou le merveilleux, avec une certaine réussite. La fiancée des ténèbres, réalisé par le méconnu Serge de Poligny, appartient à cette veine et est devenu une sorte de classique imparfait du genre. Le sujet, l'héritage cathare et la recherche du Graal, est original, et le cadre est somptueux, la Cité de Carcassonne. Parce qu'il joue aussi sur un registre réaliste, le film est un chouïa bancal et le manque de moyens (quelques décors en carton pâte) complique l'affaire. Qui plus est, le tournage fut très surveillé par les autorités allemandes et Poligny ne put emmener le film aussi loin qu'il le souhaitait. Cependant, à de nombreuses reprises, son climat éthéré séduit avec une Jany Holt, femme en noir maudite, absolument remarquable. Un film qui pourrait être l'occasion d'une nuit frissonnante aux côtés de L'éternel retour, des Visiteurs du soir, de La nuit fantastique et de La main du diable, tous de cette même période.