Ode à Bela

Ce film faisant partie des plus célèbres d'Ed Wood, je ne vais pas énumérer les nombreuses séquences cultes à base de faux-raccords, d'incohérences scénaristiques, ou de jeu d'acteur douteux. Le film sent assez la misère comme ça pour qu'on ne s'acharne pas une nouvelle fois sur ses erreurs. Je me contenterai donc de dire que oui, on rigole bien, pour peu qu'on occulte une première partie assez chiante (la fameuse enquête policière / journalistique, propre à tous les films en quête de meublage), et que non, le film n'est pas un calvaire à suivre pour tout amateur d'épouvante old-school. C'est un petit film de savant-fou, qui fait ce qu'il peut avec ses maigres moyens. L'esprit débrouillard, dira-t-on, du réalisateur fait le reste.

La Fiancée du Monstre est certes maladroit, et prête régulièrement le flanc à la critique , mais permet à un Lugosi aux portes de la mort de trimballer sa grande stature, d'effectuer ses gestes hypnotisants tellement désuets et de balancer un monologue pompeux dont il a le secret. On peut en rire mais ce quasi-chant du cygne est à n'en pas douter dirigé par un Ed Wood amoureux de sa vedette. C'est bien simple, Lugosi vampirise toutes les séquences dans lesquelles il apparaît. Ça peut faire mal au cœur de le voir trimer et agiter son grand corps malade au sein de situations ridicules (la pieuvre, mon dieu), mais il faut bien se dire qu'à ce stade de sa vie et de sa carrière, c'était ça ou rien.

On aurait donc tort de ricaner.