La "Fièvre dans le Sang", c'est celle, universelle, qui saisit deux jeunes corps adolescents, leur furieuse envie de s'aimer, qui sera contrariée par la bêtise et le puritanisme de l'époque (l'Amérique en crise - on est juste avant le krach de 1929). Le film, intense, finalement bouleversant dans son lyrisme typique du début des années 60, se construit sur la frustration du désir, qui mène au drame, puis sur le retour destructeur à la vie qui continue. Avec "La Fièvre dans le Sang", Elia Kazan dresse donc un réquisitoire d'une terrible cruauté de la rigidité et du matérialisme américains (mais cela a-t-il réellement changé, 40 ans plus tard ?), et ce d'autant plus efficacement que ces deux adolescents déchirés par le désir sexuel éveillent forcément quelques échos dans la mémoire de chacun. De par sa sécheresse, "La Fièvre dans le Sang", qui sait pourtant se laisser aller à quelques moments de mélodrame, impressionne durablement, comme un modèle de cinéma sans concessions. Le meilleur Kazan ? [Critique écrite en 1982 et 2005, et remise en forme en 2017]

Créée

le 8 sept. 2014

Critique lue 526 fois

6 j'aime

3 commentaires

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 526 fois

6
3

D'autres avis sur La Fièvre dans le sang

La Fièvre dans le sang
Mr_Jones
9

Magistral !

Elia Kazan est un des rares réalisateurs qui traitent avec autant de force et de justesse des rapports humains. Ici, le thème principal sont les pulsions sexuelles adolescentes. L'histoire se passant...

le 10 juil. 2011

27 j'aime

3

La Fièvre dans le sang
Sergent_Pepper
9

Ce mature rejet du désir

On a coutume de situer la naissance de l’adolescence au cinéma avec La Fureur de vivre en 1955, où James Dean partageait l’affiche avec Nathalie Wood. La même année, il interprétait un autre écorché...

le 10 juil. 2019

26 j'aime

1

La Fièvre dans le sang
Ugly
7

la Splendeur dans l'herbe

J'étais persuadé que ce film était tiré d'un roman américain, mais il n'en est rien, c'est un scénario fort et complexe qui permet à Elia Kazan de signer un de ses plus beaux films. Bon d'accord,...

Par

le 29 oct. 2021

25 j'aime

11

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

205 j'aime

152

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

192 j'aime

25

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

192 j'aime

118