Petrov (Semyon Serzin), auteur de bande dessinée est en pleine création et au fur et à mesure de les cases rejoignent les planches et que les planches se coordonnent entre-elles, l'auteur déambule entre souvenir, imagination, passé, présent. Imbibé d'alcool à l'occasion, afin de ne pas manquer au cliché russe, et tourmenté par la fièvre, une grosse grippe qu'il ne vaudrait mieux pas attraper, Petrov avance dans une Russie sombre, grise et froide où l'essentiel ce passe de nuit dans des lieux clos ou peu ouvert sur le monde environnant. Kiril Serebrennikov passe d'une histoire à l'autre tout en les cristallisants autour du personnage principal.
Petrov est la plus grosse des matriochka, celle qui renferme toutes les autres et qui les contient, il suffit d'une grippe et de quelques verres de vodka afin de faire voler en éclat les représentations d'une réalité concrète. Au long du film, nous avons l'occasion d'éplucher toutes les couches de l'oignon et nous arrivons à comprendre le personnage de Petrov, nous comprenons sa relation avec son fils, sa femme, ses amis, ... Qu'ils soient fictifs ou non.
Il est aussi impossible de passer à coter du parti pris politique de l'auteur, à travers la Russie inquiétante qu'il livre, la seule survie se trouve dans le rêve, principal échappatoire à la réalité. Le film fait grandement écho à la situation du cinéaste et même s'il se relève de cette situation et s'il l'affronte, il reste toujours une partie morte en lui. C'est cette scène de fin tournée sous forme de clip musical où les morts se relèvent, mention spécial au rappeur Husky.