Ce film relate un procès et seulement un procès. L'enquête de police est terminée. Et comme dans beaucoup de procès aucun élément nouveau ne va apparaître au cours des débats.
Le spectateur est considéré comme un juré et au bout du compte devra juger une jeune fille pour un crime selon son intime conviction.
Aucun aveu. Aucune preuve formelle et indiscutable. Des présomptions mais rien de plus qui ne puisse systématiquement confondre Lise.
Justement, parlons en de cette jeune fille. Elle apparaît antipathique, froide, distante. Ce sont les trois termes qui viennent immédiatement à l'esprit quand on l'observe.
On ne peut pas dire qu'elle adopte la stratégie optimale pour séduire les jurés. Son avocate lui a certainement rappelé.
Mais justement, doit-on juger quelqu'un selon ses ressentis physiques ou moraux, bons ou mauvais ? L'empathie, les remords et les larmes peuvent aussi cacher des monstres et des assassins.
Et d'ailleurs ses dernières paroles avant le délibéré sont elles vraiment sincères, elle qui est restée froide et parfois mutique durant le procès ?
Beaucoup de questions et peu de réponses. C'est ce qui fait la complexité de tels procès et j'imagine les doutes, les questions qui doivent jaillir dans la tête des jurés.
Si sur le fond j'ai été séduit par ce film, je suis un peu plus dubitatif sur la forme et particulier sur le jeu des certains acteurs.
J'ai été surpris par l'interprétation d'Anaïs Demoustier en avocate générale. J'ai eu l'impression qu'elle ne croyait pas en ce qu'elle disait et j'ai trouvé qu'elle était plus dans une diction théâtrale. A sa décharge, il est vrai qu'un procès peut être comparé à une pièce.
La prestation du président du tribunal est un peu dans la même veine.
En revanche, Melissa Guers, complexe, et Annie Mercier avec sa voix rauque, sont remarquables. Je ne parlerai pas de Roschdy Zem et de Chiara Mastroianni qui je trouve sont traités de manière anecdotique.
Il n'y a pas trente six mille façons de montrer un procès au cinéma et j'estime que le réalisateur a bien respecté les codes. Cela ressemble un peu à un documentaire façon Depardon.
Il a néanmoins un peu trop abusé des flous qui, je trouve, n'apportent pas grand chose de plus.
Mais dans l'ensemble c'est un très bon film. A ceux qui le comparent à douze hommes en colère et qui le considèrent à juste titre à des années lumière de ce dernier, je leur répondrai qu'il ne faut pas tout mélanger. Ce n'est pas la même démarche. La fille au bracelet n'est pas axé sur la délibération et n'est pas Lumet qui veut.