J'aime beaucoup les films de procès, déjà parce qu'il y a enquête et mystères, mais surtout parce qu'en général c'est un huis clos et c'est le moment pour les acteurs et le réalisateur de s'en donner à cœur joie en donnant tout ce qu'ils ont...
Et là dans La fille au bracelet on est dans quelque chose de très sobre, les échanges entre les différents avocats sont bien loin des joutes verbales qu'on peut trouver dans d'autres films et surtout on est loin d'enchaîner les coups de théâtres. Même la mise en scène est sobre, elle filme ce qu'elle a à filmer, froide, comme son héroïne.
Je dois dire que ça bien fonctionné cette austérité. On n'a pas un surplus de mélo, un surplus d'intrigues et ça fait qu'on ne sait jamais si cette fille est bien coupable ou non. Et ce petit détail m'a rappelé L'Hermine que j'avais beaucoup aimé, autre film de procès où on sort du film sans savoir... Le spectateur est presque placé dans la position du juré, il n'a aucun moyen de savoir ce qui est vrai ou non, tout en voyant bien que les preuves avancées par l'avocat général (joué par une Anaïs Demoustier horripilante au possible, c'est son rôle, mais je ne l'en aurais pas cru capable) sont très faibles, voire carrément idiotes. La seule différence finalement avec le juré c'est que forcément même si elle est assez apathique vu qu'on l'a suit, qu'on la voit en dehors du procès, on se prend quand même un peu d'empathie pour elle.
J'aime vraiment le traitement qui est proposé, où on est en proie au doute tout le long, sans grande révélation, sans conclusion satisfaisante. Le film joue vraiment avec nous, comme dans cette scène d'ouverture où on nous vend une famille heureuse à la plage jusqu'à ce que les gendarmes débarquent pour arrêter la fille sans que l'on sache pourquoi. Il faudra ensuite de longues minutes pour que l'on sache exactement de quoi il en retourne si on n'a pas lu le synopsis. Longues minutes qui justement vont servir à développer de l'empathie pour le personnage vu qu'on ne sait pas de quel crime elle est accusée et donc on peut s'autoriser à l'apprécier malgré tout.
En somme j'ai trouvé ça intelligent dans la manière avec laquelle c'est fait et surtout on sort du film troublé puisqu'on ne sait pas ; ce doute poussé jusqu'au bout rend fou.
Finalement je comprends les gamins qui jouaient à mes cluédos que j'organisais quand j'étais animateur de colo où je n'avais pas décidé du coupable (qu'on exécutait) et c'était à eux de choisir lors d'un procès sans savoir s'ils ont fait le bon choix. En tous cas je ne peux pas m'empêcher de dire que pour moi la fille est coupable, mais que j'aurais voté pour l’acquittement faute de preuves.