Lise, 16 ans, une ado comme les autres de la banlieue tranquille nantaise, est accusée d’avoir tué sa meilleure amie. Deux ans après, son procès s’ouvre.
Remake émancipé et rapide du film argentin Acusada sorti en catimini dans l’hexagone (moins de 20 000 entrées) en juillet 2019, La fille au bracelet pose les bases dès les premières minutes avec ses plans fixes qui s’éternisent, sa musique hitchcockienne éco+, son étalonnage cliché (tons bleus quand c’est triste, tons rouges quand c’est suspens) et sa structure répétitive en trois actes dotée d’un ventre mou très mou : on est devant du téléfilm de cinéma, calibré pour passer après le JT sur TF1 ou France 3. Exit la critique des médias de l’original -à travers leurs interférences mettant à mal l’objectivité de la justice et la vie privée des intéressés- et bonjour un portrait caricatural d’une jeunesse désabusée et dévergondée, adepte des sextapes les moins « sex » que possible mais qui bizarrement n’a découvert ni la drogue ni l’alcool. Faudrait pas non plus choquer ses spectateurs ou risquer une classification autre que celle des Tuches.
Si le scénario est (un peu) malin en choisissant de montrer le procès pour meurtre le plus calme au monde sans flash-back ni solution apportée sur un plateau au spectateur, et que l’on n’en ressort pas trop affligé, on regrettera tout de même qu’il véhicule quelques clichés comme l’accusée ne présentant aucun danger confinée dans un box vitré, loin de son avocate de facto incapable de lui dire quoi que ce soit lors de l’audience. On assiste à un récit fonctionnant comme une tentative de recouvrir une énorme tartine d’une petite noisette de beurre, il faut étaler à mort pour couvrir l’espace avec trop peu de matériel. La fille au bracelet laisse l’impression d’assister à un gros fantasme judiciaire qui fait passer son manque d’idée pour de l’épure ou de la pudeur, un petit malin pourrait probablement en sortir une version remontée de 30 minutes sur youtube sans qu’il n’y manque un détail.
Reste les acteurs, avec un casting 4 étoiles et un triplé de nominés aux Césars. Chiara Mastroiani, superbe, s’impose peu à peu dans le récit en bénéficiant d’une écriture soigné s’écroulant malheureusement quand on se rend compte que SA grande scène est absurde dans le cadre d’un procès, dépareillant d’autant plus avec le « réalisme » voulu par le film. Roschdy Zem en père taiseux et paumé récite ses cinq phrases d’une voix grave, il a moins de répliques que de scènes où il conduit sa bagnole, ce qui en fait accessoirement le chauffeur de VTC le plus cher de l’année. Anaïs Demoustier enfin, la sœur du réalisateur, joue une avocate général en roue libre dotée d’une mauvaise foi inébranlable tout en étant une adepte finie des effets de manche, on retrouverait presque des relents de Marguerite&Julien surtout dans sa plaidoirie finale où elle se retrouve à jouer une personne non actrice de profession qui récite un texte appris par cœur.
N’oublions pas Melissa Guers, première fois à l’écran, silencieuse et grave, se taisant pour éviter les questions gênantes, à l’image du film, on préfère ne rien dire quand on pourrait explorer son sujet.
Rien de vraiment nanar ni affligeant ici à un retournement de situation au couteau de cuisine près, mais pas de vraie qualité non plus. On ne conseille pas ce film sans saveur si ce n’est celles édulcorées du récit original, à peine plus intéressant que de fixer 90 minutes durant un écran vide.