Il faut reconnaître que dans la famille Demoustier on connait davantage la comédienne Anaïs, entre autre pour son appartenance à la "troupe" Guédiguian, que le réalisateur Stéphane, quand bien même "La fille au bracelet" n'est pas son premier long métrage. "La fille au bracelet" est un film dont le scénario s'inspire du film argentin "Acusada" de Gonzalo Tobal, sorti en France en juillet dernier, lequel film avait pour origine une véritable affaire s'étant déroulée au Canada . Toutefois, si le point de départ est similaire, l'histoire d'une jeune fille accusée du meurtre de sa meilleure amie, le traitement est très différent et, osons l'écrire, largement supérieur. "La fille au bracelet" est un film de procès dans lequel le spectateur est placé dans une position de jury d'assise. Sur l'histoire, on ne saura jamais rien de plus de ce qu'en disent Lise (l'accusée), son avocate, l'avocate générale, le père, la mère et une amie de Lise et les experts appelés à la barre. On n'arrête pas de balancer d'un avis à l'autre, d'autant plus que le comportement adopté par Lise durant le procès n'est pas vraiment fait pour qu'on croit à son innocence. En fait, avant le tournage, Melissa Guers, l'interprète de Lise avait demandé au réalisateur si, pour lui, Lise était ou non coupable. Lequel lui avait répondu que c'était à elle de choisir si elle était coupable, ou non. Melissa n'a jamais dit à Stephane Demoustier quel était son choix ! Nous voilà donc face à un film de procès, genre très pratiqué au cinéma, sauf qu'ici, à la fin, contrairement à ce qui se passe le plus souvent, on ne sait pas de façon indubitable qui est le ou la coupable !
A côté de cette valse hésitation passionnante à vivre, le film s'intéresse aussi, sans porter de jugement, à ce que les parents d'adolescent.e.s savent ou croient savoir de leurs enfants, de leurs amitiés, de leurs amours, de leur sexualité. Avec ici une adolescente, Lise, qui est très libre en la matière, considérant que sexualité et sentiments sont séparés.
Préférant, pour interpréter Lise, une jeune fille n'ayant jamais tourné, le choix de Stephane Demoustier s'est porté sur Mélissa Guers. Un choix qu'on considère comme parfaitement judicieux quand on a vu le film ! Les parents de Lise sont interprétés par Roschdy Zem et Chiara Mastoianni. Excellents ! Le président du tribunal est interprété par un vrai avocat, Pascal-Pierre Garbarini, un homme qui s'est avéré très utile par ses conseils éclairés, en cours de tournage, sur la façon dont se déroule un procès. Quant à l'interprète de l'avocat général, le réalisateur a changé d'avis lorsqu'il s'est aperçu, en assistant à de véritables procès, que le procureur était beaucoup plus souvent une femme d'une trentaine d'années qu'un homme de 60 ans, d'où son choix : sa sœur, Anaïs.