Avec son titre "dardennien", La fille au bracelet raconte le procès de Lise (Melissa Guers, dans son premier rôle au cinéma), une adolescente accusée d’avoir tué sa meilleure amie. Alors, Lise est-elle innocente ou coupable ? C’est la question qui taraude tous les acteurs de ce procès et donc évidemment le spectateur qui pour le coup n’en sait pas vraiment plus que ce que racontent et montrent les deux parties en présence qui sont d'une part, l’avocate générale, sobrement incarnée par Anaïs Demoustier et d’autre part, l’avocate de l’accusée, elle aussi interprète de manière très réaliste par l'actrice Annie Mercier, impressionnante avec sa voix à la Simone Signoret.
Car il est question de sobriété et même de dépouillement tout au long de ce film aux accents très réalistes. Loin des ces grands films de procès qui ont marqué l’histoire du cinéma avec des témoins ou des éléments de dernière minute qui viennent relancer l’histoire, La fille au bracelet ne présente aucun rebondissement spectaculaire, presque sans affect, sans éclat mais pas sans mystère et en tout cas qui amène bien des questionnements.
C’est en tout cas cette sobriété, un peu frustrante, pour ne pas dire agaçante par moment, qui fait la particularité du film de Stéphane Demoustier. Le détachement dont fait preuve l’accusée, les parents pris dans la tourmente judiciaire mais impuissants et dépassés face à leur fille insensible et même passive qui ne réagit pas comme ils pourraient l’entendre face à des éléments qui semblent pourtant l’accabler… tout cela montre combien les enfants peuvent être des énigmes pour leurs parents et combien le procès d’un adolescent peut constituer un sujet d’étude passionnant.
Au delà de cette envie d'aborder la question des mœurs de la jeunesse d’aujourd’hui, le réalisateur porte aussi et surtout un regard sur le rapport parents-ados, à travers ce scénario et cette mise en scène réduits au minimum, souvent proches du documentaire, notamment dans ces longues et nombreuses scènes de tribunal.
Un film sans vraiment de ressort dramatique, que l’on aurait aimé plus troublant, où l’on passe son temps à se poser des questions en espérant que les réponses arrivent pour que l’on puisse comprendre.