Un bon film français de justice fidèle à la France républicaine et à sa justice. Autrement dit, un lourd pétard mouillé d'entrée de jeu, insistant bien à fond et rigoureusement focalisé sur des détails navrants afin de non-dire avec une fermeté ouverte en conclusion. Devant le laius final de l'avocate de la défense, j'ai crû à un coup de poker d'une défenseuse foutue pour foutue... or on est alors censé être au cœur d'un film générationnel, ce que je vois confirmé partout, par les commentateurs globalement favorables et respectueux. Donc nous parlons des mœurs libérées aujourd'hui VS l'ensemble des générations précédentes. Comme ce n'est pas une blague je suis perplexe. Déformation des auteurs, d'une bourgeoisie moisie et essorée n'acceptant pas son puritanisme ? Sommes-nous en train de regarder l'adaptation d'un roman secret de 1948 avec supplément pompage laborieux en vidéo ?
Car la seule nouveauté avec les générations précédentes, c'est les réseaux sociaux et la pornographie : exposition à davantage (quantité et variété) et revenge porn. Or ce n'est pas ça que qui que ce soit retient contre l'accusée. Les parents sont à la ramasse effectivement, on le serait à moins... le problème c'est d'être embarqué dans une telle affaire et de réaliser que son enfant est une salope – mais si c'est générationnel, ça l'a toujours été ; ou si ça doit cesser de l'être... faut-il croire que certains souhaitent sérieusement que ça cesse de l'être ? Si le point est là nous avons encore un plaidoyer froid et dégénéré, anti-bandant, pour la désintégration et la lâcheté déguisée en tolérance.
Vous voyez un crime ? Si vous étiez un honnête citoyen français éclairé, vous verriez des enfants exercer leur liberté ! Vous voyez un enchaînement de souffrances absurdes ? Quel sombre demeuré... c'est une somme de joies, gâchées par la pudibondirie ambiante – cette petite adulte n'aurait pas mal vécu l'exposition si nous n'étions pas dans le jugement ! D'ailleurs, si vous étiez suffisamment éclairé, vous pourriez délibérément ne pas voir que les deux interventions finales de cette gourgandine sociopathe l'accusent ; pourtant le film les incrustent bien. C'est qu'il faut alimenter le débat et donner à moudre aux défenseurs du film et aux indécis obstinés, lesquels ne manqueront pas de trouver dans ce refus de déterminer la vérité factuelle un grand courage et l'attachement à des nuances drosophiliques sur d'insignifiantes histoires de couteau une espèce de finesse.
Ce film est donc un test de personnalité et ma réponse est : COUPABLE. Pas d'aggravation de la peine car la meurtrière a d'abord été une victime, humiliée, exposée et trahie à haut degré ; pas d'atténuation, car elle est capable de narguer un tribunal dont elle a compris qu'il ne la condamnera probablement pas – et qu'elle soit mineure ne rend pas moins grave son profil, il prouve simplement que les bases sont déjà bien solides. Quand au tribunal : COUPABLE d'imbécilité. À l'avocate : COUPABLE d'être une tarée civilisée chérissant la jeunesse qu'elle ne connaîtra pas ou plus, sous quelque forme qu'elle espère ; alors autant accepter la raison plutôt que laisser le monde un peu plus pourri derrière toi, vieille peau ! Quant au film : COUPABLE d'être diaboliquement terne.
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