La détresse d'autrui me dévaste. Les tragédies qui frappent les êtres me révoltent.
Je me garderai bien ici de faire étalage de mes convictions/superstitions spirituelles, mais je tenais à écrire quelques lignes sur ce film allemand attrapé par hasard hier soir sur Arte.
D'aucuns ont fustigé le côté larmoyant de ce film fondamentalement tragique jusqu'à l'absurde : mais toute vie ne l'est-elle pas, qui doit forcément déboucher sur la mort ?
Bien sûr, ici, le scénario - tiré d'un livre d'après ce que j'ai compris - empile les douleurs : une jeune fille de 21 ans, belle comme le jour, entourée d'une famille aimante, pleine de projets d'avenir, d'amis et d'amours, regorgeant de joie, se découvre du jour au lendemain atteinte d'une forme rare et agressive de cancer. A partir de cet instant, chaque scène prend irrémédiablement une coloration, une intensité dramatiques à laquelle il est difficile de résister sans pleurer.
Pourtant - et c'est là toute l'intelligence de cette petite réalisation d'Outre-Rhin - l'histoire prend une tournure singulière, grâce à la géniale trouvaille des perruques que revêt Sophie pour cacher sa belle chevelure perdue. Loin d'être des masques, ces postiches sont autant de prétextes au surgissement des personnalités multiples de la jeune femme (à qui, fabuleusement, toutes les couleurs et coupes vont à ravir). On suit avec intérêt son quotidien courageux, constitué de séances de chimio et de soirées endiablées : Sophie ne se ménage pas, bien décidée à vivre le plus intensément possible, pour remporter le bras de fer contre ce crabe dévorateur.
Très finement écrit, Heute bin ich blond est un bien joli film, bénéficiant d'une photographie soignée et pleine de poésie et qui, malgré quelques défauts, incohérences ou excès, parvient à nous toucher en plein coeur.