La séduction suprême n'est pas d'exprimer ses sentiments. C'est de les faire soupçonner.
J. Barbey d’Aurevilly
Dans un triangle amoureux hystérique, le film met en scène un vieil écrivain pervers et manipulateur, Charles, et Paul, un jeune héritier oisif et dégénéré. Tous deux s'affrontent pour la belle Gabrielle dont la candeur de façade et l'attitude victimaire cachent mal l'arrivisme mondain.
L'opposition entre les deux hommes est un cas d'école qui illustre parfaitement ce qu'il faut faire pour séduire (avec Charles) et ce qu'il ne faut pas faire (avec Paul).
L'approche de Charles est discrète et désintéressée, elle est faite de non-dits et d'œillades légères. L'art du silence est ici manié avec brio; il laisse venir Gabrielle, il ne l'oblige à rien et lui offre peu de cadeaux.
Rien de tel dans l'attitude de Paul. Il lui offre des fleurs, des restos chics, une promotion de carrière, il tente de l'impressionner avec sa fortune... Autrement dit il mendie son affection et n'a aucune fierté par rapport à elle.
Par conséquent, elle le prend pour ce qu'elle perçoit de lui: un faible et ce en dépit de son statut social.
Paul voue à son rival une haine mortelle qui le consume alors que Charles ne lui adresse tout au plus qu'un mépris hautain et nonchalant.
La différence entre les deux hommes est flagrante et dans le cœur de notre fausse innocente, c'est Charles le rusé qui l'emporte, et haut la main, même si la deuxième partie de l'histoire peut laisser penser le contraire.
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L.Egero