Après avoir largement puisé dans les mythes de la littérature et du cinéma d’épouvante (Frankenstein, Dracula et autres monstres), la Hammer tente de se renouveler dans les années 70, sous la pression notamment de la concurrence italienne. Tourné dans les décors somptueux de La vie privée de Sherlock Holmes, de Billy Wilder, La fille de Jack l’Eventreur compte d’ardents défenseurs parmi les spécialistes du genre, à commencer par Jean-Pierre Andrevon qui le qualifie de «vraie réussite» dans son indispensable Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction, alors que Nicolas Stanzick n’hésite pas à parler de «véritable coup de maître» à propos de ce qu’il considère comme «une tragédie psychanalytique et baroque sur l’amour fou, incestueux et vampire d’un père (naturel puis de substitution) pour sa fille».
Voilà qui apparaît tout de même bien exagéré: si la mise en scène de Peter Sasdy ne souffre d’aucune critique (les séquences de meurtres, assez gore selon les critères de la Hammer, sont filmées avec efficacité mais sans complaisance inutile), le scénario est trop répétitif et la psychologie des personnages n’est pas assez approfondie pour qu’ils apparaissent autrement que comme des stéréotypes de l’horreur gothique victorienne rehaussée de quelques fulgurances sanglantes. Reste une bonne série B parfaitement divertissante. Excellente interprétation d’Eric Porter, un acteur de théâtre qui aurait tout aussi bien pu doubler Fernando Rey dans Tristana, de Buñuel , tourné l’année précédente!