A titre personnel, en dépit de sa "mauvaise" réputation, il s'agit d'un petit film pour lequel j'ai beaucoup de sympathie : les débuts au cinéma de Louise Bourgoin, le phrasé de Luchini, la séquence d'ouverture sur le magnifique décor monégasque au crépuscule, avec la chanson de Nat King Cole... Je me suis encore laissé embarquer l'autre soir lors de la diffusion télé, alors que je pensais regarder autre chose...
Comme quoi le film d'Anne Fontaine possède un charme assez envoûtant, à condition d'être sensible à ses arguments, sans s'attarder sur ses quelques défauts (comme cette tendance à surligner lourdement ses effets, à l'image de la bande de potes improbable que traîne Audrey derrière elle).
Curieux mélange en effet, "La fille de Monaco" semble traiter du dérèglement d'une vie bien rangée, à mesure que sa libido renaît de ses cendres, celle de l'avocat Fabrice Luchini (une fois de plus excellent), à la suite de la rencontre d'une miss météo à la sensualité débridée, parfaite transition pour Louise Bourgoin, dont c'était alors le premier rôle sur grand écran.
Le triangle amoureux (auquel fait écho celui du procès) est complété par l'impeccable Roschdy Zem, garde du corps imposé au brillant homme de loi, mais aussi ex-amant de la demoiselle, qui semble paradoxalement beaucoup moins l'intéresser que son propre client.
Au final, un film assez étonnant, aux frontières du thriller psychologique, de la franche comédie et du drame sentimental, au point qu'on se demande parfois où veut en venir Anne Fontaine.
Avec en arrière-plan la beauté romanesque du cadre méditerranéen (jolie référence à "La main au collet", notamment) et les charmes artificiels du rocher monégasque, la réalisatrice française tisse en tout cas la toile de sa "tragédie légère" avec un certain brio.