"(....) La vie est une fable, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur". Cet extrait de Macbeth qui sert de prélude au roman de Faulkner, ne m'a pas quittée durant les trois heures de ce film éblouissant. tourné en Irlande dans la péninsule de Dingle. Un paysage à la mesure de David Lean, âpre comme ses habitants, et d'un romantisme qui ne pouvait que servir de décor à une folle passion. Celle qui arrive, comme la foudre, entre Rosy Ryan et le commandant Doryan. Rosy est mariée à l'instituteur (Robert Mitchum) et le commandant Doryan est anglais, donc ennemi et occupant. On est en 1916 et l'Irlande lutte pour son indépendance. Et comme le Benjy de Faulkner, Michael "l'idiot" , est là, omniprésent, à la fois protégé et détesté par les villageois, observateur impuissant, lui qui avant les autres ressent tout le danger que représente la folle passion de Rosy et Doryan.
Ce film est bouleversant par la puissance des sentiments, la haine, l'amour, la lâcheté, le pardon qui ne viendra pas, accompagné par le maelstrom des vagues un soir de tempête, le soir où le destin de Rosy bascule.
Une histoire d'une force extrême , à l'image de la tempête qui se déchaîne . Ce bel amour fou se termine aussi rapidement et brutalement qu'il a débuté. Le village construit autour de Rosy et de son mari un cercle de haine.Ils subiront sans se plaindre. Et quitteront un village silencieux aux volets fermés , accompagnés du prêtre (Trevor Howard) et de Michael "l'idiot". Partir ensemble, pour se séparer plus tard.
Un film inoubliable, hanté, épique, shakespearien, pétri de déraison et de beauté. Et Robert Mitchum, loin, très loin, de ses rôles habituels, mais parfait jusqu'au bout d'une chemise de nuit que lui seul est capable de porter avec classe.
Merci à Aurea. Elle comprendra.