Bien qu'il soit bourré de défauts, ce film est une merveille, et ce sont ses maladresses qui participent à son charme implacable. Onirique, poétique, puissant, romantique, dramatique, fantastique (dont un joli clin d'œil à l'épisode 6 de "The Haunting of Hill House") et comique, Erwan Le Duc touche pour son second essai à une multitude de genres cinématographiques qui, même s'il ne réussissent pas à cohabiter de manière fluide, forment un long-métrage d'une richesse inouïe. La Fille de son père est indescriptible, obscur, exigent, à la limite de l'expérimental, mais toujours inventif, frôlant le mystique et atteignant la grâce. Une comédie dramatique magique portée par des acteurs sensationnels (mention spéciale à Céleste Brunquell) qui varie les thèmes et les ambiances dans un joyeux melting pot sans réelle concordance, construisant un imaginaire naïf se muant peu à peu en quelque chose de plus sombre et malsain au cours de sa seconde partie, dans des fulgurances fantasmagoriques qui ébranlent le spectateur n'ayant plus l'habitude d'observer d'originaux coups d'éclat comme celui-ci.