Erwan Le Duc est un réalisateur singulier dans le triste paysage du cinéma contemporain français, ce que confirme son nouveau film, qui n'est que son second long métrage, alors qu'il est âgé de 46 ans. Il n'a manifestement pas suivi le parcours classique du cinéaste issu du sérail parisien et demeure attaché à sa région d'origine (les Vosges), où a été tourné son premier film Perdrix et peut-être aussi (partiellement) celui-ci. Du coup, ses œuvres se distinguent par leur ton original, mélange de légèreté, d'humour fin et de poésie : c'était le cas de son premier film, c'est encore le cas ici.
C'est une histoire un peu abracadabrante, celle d'un père qui élève seul sa fille et qui arrive au moment où celle-ci devient adulte et où il se repose la question de l'absence de la mère biologique. C'est à la fois bourré d'invraisemblances (le film n'est pas un drame social) et en même temps très juste dans la façon dont sont abordés certains thèmes : le destin, la réussite, la séparation parents-enfants, la dépression, la quintessence de l'esprit du football, bref la vie en général. Le tout soutenu par des dialogues percutants, originaux et souvent très drôles. Ainsi que par un montage et des plans bien trouvés. Et une bande son parfaitement insérée dans la narration. Et comme en sus l'interprétation est irréprochable, Le Duc parvient à sublimer le quotidien - pas excessivement extraordinaire - qu'il filme.
Viennent s'y greffer quelques clins d’œil politiques bien sentis, à tendance environnementale : à cet égard, la scène sur le terrain de foot avec la maire est excellente. Tout ça fait un film, qui ressemble beaucoup dans la forme à Perdrix, très agréable à regarder car léger, drôle, mais aussi poétique et par moments très émouvant. Un bon film quoi, une vraie bouffée d'air pur qui fait du bien (à notre époque déprimante). Tout ça en évitant le piège d'exploiter toutes les grosses ficelles du feelgood movie à l'anglo-saxonne. De la belle ouvrage !