Erwan Le Duc est un réalisateur singulier dans le triste paysage du cinéma contemporain français, ce que confirme son nouveau film, qui n'est que son second long métrage, alors qu'il est âgé de 46 ans. Il n'a manifestement pas suivi le parcours classique du cinéaste issu du sérail parisien et demeure attaché à sa région d'origine (les Vosges), où a été tourné son premier film Perdrix et peut-être aussi (partiellement) celui-ci. Du coup, ses œuvres se distinguent par leur ton original, mélange de légèreté, d'humour fin et de poésie : c'était le cas de son premier film, c'est encore le cas ici.

C'est une histoire un peu abracadabrante, celle d'un père qui élève seul sa fille et qui arrive au moment où celle-ci devient adulte et où il se repose la question de l'absence de la mère biologique. C'est à la fois bourré d'invraisemblances (le film n'est pas un drame social) et en même temps très juste dans la façon dont sont abordés certains thèmes : le destin, la réussite, la séparation parents-enfants, la dépression, la quintessence de l'esprit du football, bref la vie en général. Le tout soutenu par des dialogues percutants, originaux et souvent très drôles. Ainsi que par un montage et des plans bien trouvés. Et une bande son parfaitement insérée dans la narration. Et comme en sus l'interprétation est irréprochable, Le Duc parvient à sublimer le quotidien - pas excessivement extraordinaire - qu'il filme.

Viennent s'y greffer quelques clins d’œil politiques bien sentis, à tendance environnementale : à cet égard, la scène sur le terrain de foot avec la maire est excellente. Tout ça fait un film, qui ressemble beaucoup dans la forme à Perdrix, très agréable à regarder car léger, drôle, mais aussi poétique et par moments très émouvant. Un bon film quoi, une vraie bouffée d'air pur qui fait du bien (à notre époque déprimante). Tout ça en évitant le piège d'exploiter toutes les grosses ficelles du feelgood movie à l'anglo-saxonne. De la belle ouvrage !

Marcus31
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vu au ciné en 2024

Créée

le 6 janv. 2024

Critique lue 360 fois

8 j'aime

Marcus31

Écrit par

Critique lue 360 fois

8

D'autres avis sur La Fille de son père

La Fille de son père
Sergent_Pepper
4

Le silence de la mère

Perdrix, qui avait animé la Quinzaine 2019, ouvrait avec un certain panache la carrière d’Erwan Le Duc : sens du gag, poésie visuelle et personnage hauts en couleurs rythmaient une histoire familiale...

le 2 janv. 2024

12 j'aime

4

La Fille de son père
siliceanne
7

Critique de La Fille de son père par siliceanne

Très belle narration de la relation entre un père seul avec sa fille depuis ses tendres années. C’est ici la séparation qu’évoque le réalisateur avec brio autour des personnages flamboyants d’Etinne...

le 18 oct. 2023

9 j'aime

La Fille de son père
Marcus31
8

Défense et illustration de la poésie

Erwan Le Duc est un réalisateur singulier dans le triste paysage du cinéma contemporain français, ce que confirme son nouveau film, qui n'est que son second long métrage, alors qu'il est âgé de 46...

le 6 janv. 2024

8 j'aime

Du même critique

Papy fait de la résistance
Marcus31
10

Ach, ce robinet me résiste...che vais le mater

Ce qui frappe avant tout dans ce film, c'est l'extrême jubilation avec laquelle les acteurs semblent jouer leur rôle. Du coup, ils sont (presque) tous très bons et ils donnent véritablement...

le 2 sept. 2015

42 j'aime

5

Histoire de ta bêtise
Marcus31
10

A working class hero is something to be

Un pamphlet au vitriol contre une certaine bourgeoisie moderne, ouverte, progressiste, cultivée. Ou du moins qui se voit et s'affiche comme telle. On peut être d'accord ou non avec Bégaudeau, mais...

le 15 avr. 2019

32 j'aime

7

Madres paralelas
Marcus31
5

Qu'elle est loin, la Movida

Pedro Almodovar a 72 ans et il me semble qu'il soit désormais devenu une sorte de notable. Non pas qu'il ne l'ait pas mérité, ça reste un réalisateur immense, de par ses films des années 80 et du...

le 14 déc. 2021

25 j'aime