Au tout début de sa carrière, quand Douglas Sirk s’appelait encore Detlef Sierck, il y a eu La Fille des Marais. Il avait déjà quasiment la quarantaine mais l’avant-guerre fut pour lui une période d’apprentissage d’où son film jaillit bizarrement comme une œuvre… précoce.
Mélange d’avant-garde entre le documentaire & la candeur romanesque d’une histoire pleine de sentiments, le film est expressionniste & naïf, ce qui ne va pas bien ensemble quand il s’agit de montrer la vie rurale du temps où les Volkswagen (les ”voitures du peuple” en allemand dans le texte) étaient hippomobiles. C’est cette même ruralité toutefois qui sert de prisme aux superstitions & à la tradition qui rendent le scénario épais & goûtu.
Voir La Fille des Marais, c’est un peu croquer à pleines dents dans une œuvre indigeste de surjeu, de surreprésentation de la campagne & de rebondissements à la fois trop énormes & faciles à la fois, mais très nourrissante parce que, en 80 minutes, tout y passe, de la famille au tribunal & de l’amour à ses circonstances, au point de faire de Sirk un précurseur… pour parler de l’ancien temps.
→ Quantième Art