Cela surprend les gens quand j'avoue n'avoir jamais vu les films de Marcel Pagnol, à l'exception du Schpountz, dont j'avais pourtant lu beaucoup de livres dans l'enfance. L'occasion de se rattraper s'est présentée en ce début d'année avec la programmation dans un cinéma de certains films, et maintenant je continue en DVD. Car ces œuvres du terroir sont véritablement pleines de charme, avec un dispositif d'une simplicité absolue, mais avec des dialogues incroyables.
La fille du puisatier, c'est l'histoire d'une fille mère, mais le drame laisse sans arrêt la place à la bienveillance, tant les personnages semblent s'ingénier à déjouer les clichés tout en restant absolument crédibles. Raimu, impérial, joue le père, outragé, éloignant sa fille et interdisant qu'on prononce son nom devant lui, mais le cœur toujours saignant d'amour, grande gueule et cœur tendre.
Et il y a également le contexte historique, traité exclusivement hors-champ, on n'en verra que l'uniforme de Fernandel, qui rajoute un intérêt dans la manière dont il est traité. Car ce qui intéresse Pagnol c'est avant tout les gens. Pour s'en convaincre, il suffit de voir cette scène de meeting aérien, prononcé à la française par Fernandel. Vous ne l'avez pas vue? C'est normal, elle n'a pas été filmée justement. On voit que le dispositif de Pagnol est théâtral, dans le sens où tout ce qu'on "voit" du contexte passe par les discussions. Mais c'est fait avec tant de générosité qu'on n'a pas l'impression de regarder du théâtre filmé. Ainsi du début, où deux discussions suffisent à planter tous les enjeux d'un film de 2h20, sans perdre leur naturel.
Et puis, les acteurs...