Inspiré d'un fait divers récent qui connut un retentissement médiatique et politique, le film d'André Téchiné évoque le cas d'une jeune femme inventant son agression dans le RER par des voyous antisémites.
A l'évidence, ce n'est pas le fait divers qui intéresse Téchiné: la dimension policière et le scandale médiatico-politique sont quasiment occultés. Le réalisateur -on n'en est pas surpris- ne cherche qu'à comprendre, dans ce cas précis, le mécanisme psychologique qui conduit Jeanne, jolie banlieusarde de bonne famille, à imaginer son mensonge. On ne sait pas si Téchiné absout Jeanne de sa faute mais sa démarche est très certainement bienveillante, ni stigmatisante ni moralisatrice.
En deux parties distinctes nommées Circonstances et Conséquences, Téchiné reproduit un contexte humain et social anecdotique -qui semble même digressif par moments- et dont on voit qu'il ne prédispose pas forcément l'héroine à l'imposture ou à la mythomanie en général. Sa mère (C.Deneuve), un avocat juif (M.Blanc) et le nouveau petit ami de Jeanne, élément déclencheur peut-être, sont trois personnages déterminants.
Le réalisateur réussit ses portraits et la qualité des protagonistes, aussi ordinaires soient-ils, consolide l'argument initial, réduit, dans sa forme, à sa plus simple expression. On comprend moins en revanche l'importance et l'intérêt que le cinéaste portent à certains seconds rôles appartenant notamment à la communauté juive.